Jean-Baptiste Bénézech

Bénézech, Jean-Baptiste, ouvrier lithographe et homme politique français, né à Montpellier (Hérault) le 6 avril 1852*, décédé à Paris le 20 février 1909.

Ouvrier lithographe, ancien franc-tireur de l’armée de la Loire en 1870, président de la Chambre syndicale des ouvriers lithographes et trésorier de la Bourse du travail de Montpellier, conseiller municipal de Montpellier en 1892, Bénézech fut élu, après un échec en 1893, député de l’Hérault en 1898, siège qu’il conservera jusqu’à sa mort.
À la Chambre, il suivit ses amis du Parti ouvrier français, dont il était membre du Conseil national. Il vota en effet, le 7 juillet 1898, l’affichage du discours de Cavaignac et s’opposa, l’année suivante, à la loi de dessaisissement, vota la condamnation des incidents d’Auteuil et vota l’affichage de l’arrêt de la Cour de cassation proclamant la révision (ordre du jour Sembat). Il fut aussi un des signataires de la lettre des 36 députés présentée par Viviani qui demandait la nomination d’une commission « chargée d’examiner s’il y a lieu de mettre en accusation, pour crimes commis dans l’exercice de ses fonctions, M. le général Mercier, ancien ministre de la Guerre » (Journal officiel, Débats parlementaires, Chambre des députés, 6 juin 1899, p. 1577). 
Clairement dreyfusard, il avait aussi signé la protestation en faveur de Picquart (8e liste), et, quelques jours plus tard, le 5 décembre 1898, au cours d’un meeting à Montpellier, confessé, revenant sur son vote du 7 juillet précédent, « avoir été dupé par Cavaignac », et juré « qu’on ne l’y prendra[it] plus ». Il avait ajouté : « La classe ouvrière est prête […] à prendre la défense de quiconque souffre d’une injustice, que les classes privilégiées fassent comme elle » (« La Révision », L’Aurore, 7 décembre 1998). Mais ce rapprochement avec Jaurès fut de courte durée et, en juillet 1899, il signa le manifeste « à la France ouvrière et socialiste », prise de position « anti-ministérialiste » mais aussi désaveu de l’auteur des Preuves et nouvel appel à se désintéresser de l’Affaire. Cela lui vaudra une vive attaque de la part de Rouanet (« Lettre ouverte au citoyen Bénézech, député de l’Hérault », La Petite République, 20 juillet 1899), attaque à laquelle il ne répondra pas (voir « La crise du parti socialiste », La Petite République du 22).
Il avait aussi apporté, le mois précédent, son soutien au Journal du Peuple poursuivi pour son Appel aux travailleurs et aux soldats (12 juin).
Par la suite, il vota, avec les siens, contre l’ordre du jour de Chapuis, le 22 mai 1900, s’opposant à la reprise de l’Affaire, vota l’amnistie et contre Vazeille qui tentait de la contrer, s’abstint, avec les « anti-ministérialistes », en avril 1903 après la relance de l’Affaire par Jaurès et l’enquête annoncée par André et vota, en 1906, la réintégration de Dreyfus et de Picquart, l’ordre du jour de Pressensé demandant que fussent prononcées des sanctions disciplinaires à l’égard des véritables coupables, celui de Réveillaud « rendant hommage aux artisans de la révision » (se distinguant là des « anti-ministérialistes ») et le projet de loi relatif au transfert des cendres de Zola au Panthéon (proposition de loi Breton). En 1908, il vota la condamnation des attaques contre la Cour de cassation après les campagnes de L’Action française et de L’Autorité (ordre du jour Dalimier).  

Philippe Oriol

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