Georges Berthoulat

Berthoulat, Pierre, Louis, Félix, Georges, publiciste, directeur de journaux et homme politique français, né à Le Châtelet-en-Bray (Cher) le 16 août 1859*, décédé à Paris le 5 juillet 1930.

Licencié en droit, Berthoulat fut chef de cabinet du préfet du Cher, puis du Rhône, avant de devenir, en 1885, secrétaire général de la préfecture du Cantal. Démissionnaire (1888), il se lança dans le journalisme et collabora au Progrès de Lyon dont il fut le principal rédacteur politique, de 1889 à 1894, puis, jusqu’à son départ, rédacteur en chef puis secrétaire général. Il était alors une des figures du radicalisme lyonnais.
Si on en croit La Gifle et L’Indépendant de Seine-et-Oise, qui l’attaquèrent violemment en avril 1902 (voir infra), Berthoulat, au début de 1898, fut un ardent partisan de la révision du procès de 1894. C’est lui qui écrivait, dans Le Progrès, les anonymes « Courriers de Paris », qui prirent à parti avec une grande fermeté les nationalistes de tous poils et réclamèrent la révision du procès de 1894. Attaqué pour cela en mai 1898 par L’Avenir du Cher, lors des élections auxquelles il se présenta dans son Cher natal, il se défendra par journal interposé d’avoir eu un tel engagement et de telles pensées. Le Petit Saint-Amandois, qui défendait sa candidature, et qui, depuis fin 1897, reproduisait fidèlement ses articles du Progrès, s’insurgea contre la campagne de L’Avenir, « journal du syndicat juif », et témoigna, renvoyant ses lecteurs aux numéros des semaines précédentes, que « jamais Georges Berthoulat n’a écrit une ligne en faveur de Dreyfus » (« Les dreyfusards », 8 mai). Cela était vrai au vu des articles reproduits par Le Petit Saint-Amandois mais rien ne permettait de vérifier que d’autres articles, non repris – dreyfusards et non signés eux aussi – n’étaient pas de Berthoulat. En 1902, quand la campagne reprendra, menée par La Gifle et L’Indépendant de Seine-et-Oise, Berthoulat écrira à L’Indépendant pour expliquer quelle avait été son attitude dès le début de l’Affaire : « Au début […], j’ai dû me demander ce que valaient les affirmations d’hommes comme MM. Scheurer-Kestner, Anatole France, Guinaud [sic pour Grimaux ?], Duclaux, etc…, qui juraient avoir vu les preuves de l’innocence de Dreyfus. Je fus m’entretenir avec le […] général de Pellieux, dont j’avais été comme officier territorial, l’officier d’ordonnance, et qui m’honorait de son amitié. Il me prouva lumineusement la culpabilité du Traître » (lettre du 4 mars 1902 publiée in « Correspondance », L’Indépendant de Seine et Oise, 9 mars 1902). Il est difficile de savoir quelle fut exactement la vérité. Pour Saint-Romme, sénateur de l’Isère, elle ne faisait aucun doute et il révélera, en 1902, que Berthoulat lui avait dit, « au moment où l’agitation de Dreyfus était à ses débuts », devant témoins, que « la condamnation de Dreyfus était le plus grand crime du siècle » (lettre du 18 janvier 1902, publiée dans « M. Berthoulat dreyfusard », L’Indépendant de Seine-et-Oise, 6 avril 1902).
Mais quoi qu’il en fût, Berthoulat, en mai 1898, était antidreyfusard. Dans sa profession de foi, il déclara :

Il faut avant tout que vos représentants, loin de se réfugier dans une abstention criminelle, soient des hommes résolus à défendre l’Armée et la Patrie, et à réprimer énergiquement les scandaleuses entreprises des diffamateurs cosmopolites dont les récents et tristes exploits réjouissent nos ennemis du dehors. 
C’est dans cette pensée que je vous demande de marcher au scrutin comme on marche au drapeau !
Vive l’Armée ! Vive la France !
Vive la République ! » (Le Petit Saint-Amandois, 1er mai 1898).

Berthoulat, qui était alors membre de l’Association nationale républicaine et candidat Républicain progressiste « sur les instances de M. Waldeck-Rousseau » qui sera son « parrain au Grand Cercle Républicain » (lettre du 4 mars 1902, citée), fut battu à une très large majorité.
Après son départ du Progrès, « en juillet mil huit cent quatre-vingt-dix-huit, parce que ce journal, qui avait soutenu la politique du Ministère Méline, venait de passer brusquement à la politique collectiviste » (lettre du 4 mars 1902, citée), Berthoulat entra à La République Française (premier article, signé de ses initiales, le 22 juillet). Ce méliniste était là à sa place et, s’il écrira peu sur l’Affaire, consacrant l’essentiel de ses chroniques à attaquer le radicalisme et les radicaux, il se contentera de défendre l’armée contre les dreyfusards tous antimilitaristes à ses yeux (« Pour l’armée », 13 septembre), et pour regretter que Cavaignac, obstiné, ait, « si imprudemment », rouvert l’Affaire (« Les conseils généraux », 22 juillet). Le 16 septembre – après avoir gardé un silence prudent sur l’aveu et la mort d’Henry –, il donna son dernier article à La République Française et passa au début d’octobre 1898 (le 3, 1er article signé de ses initiales) à La Liberté dont, le 27 novembre, à la suite de la constitution de la Société nouvelle de La Liberté, il devint directeur. Gardant la ligne qu’avait imprimée le précédent directeur, Jules Franck – qui s’était suicidé au début d’août 1898 –, il donna toutefois au journal une direction plus nettement antisocialiste. 
Dans l’Affaire, il tint à se proclamer d’une neutralité à toute épreuve, donnant en exemple l’attitude de Réveillère, dont le « langage est la raison même ». Réveillère, en effet, dans une lettre à La Dépêche de Brest avait expliqué qu’il n’était qu’« un respectueux serviteur de la loi, dont la Cour de cassation est le suprême organe » et que « si la Cour se prononce contre la révision, je serai antirévisionniste ; si elle se prononce pour la révision, je serai révisionniste » (« Le bon sens », 15 octobre). Berthoulat et son journal se définissaient alors, très exactement, comme « cassationistes ». Et c’est dans cet esprit que Berthoulat avait, le 1er mars 1899, soutenu la loi de dessaisissement : « […] pour rendre au pays la paix et l’ordre, pour l’arracher aux querelles et aux troubles dont il souffre si profondément » et pour « que la solution définitive soit, par son caractère d’impartialité absolue et de justice plénière, acceptée de tous (« Le commencement de la fin »). Mais dans son esprit, il était clair que le « cassationisme » n’impliquait aucunement de se ranger dans un camp ou dans l’autre. Et surtout pas, à vrai dire, dans le camp dreyfusard. Se dire « cassationiste », expliquait-il, n’était que vouloir « une équitable conciliation des intérêts de l’armée et de la justice ». « Mais il est bien entendu », ajoutait-il, « que nous ne serons jamais avec ceux qui exploitent la révision comme une machine de guerre contre nos institutions militaires et contre ce qui nous reste de hiérarchie sociale. Tandis que les braves gens appellent de tous leurs vœux la fin de l’Affaire, pour ceux-là elle ne fait que commencer, puisqu’elle doit être la préface du grand chambardement » (« “Cassationistes” », 28 mai 1899).
Pour Berthoulat, en effet, le dreyfusisme constituait le premier ennemi de l’ordre et des institutions, l’ennemi à abattre. Fin avril 1899, il écrivait à ce propos :

Si le mot « dreyfusard » signifiait simplement l’état d’esprit des gens qui, convaincu de bonne foi qu’une erreur judiciaire avait été commise, en poursuivant la réparation sans autre intérêt que celui de la justice et de la vérité, je crois bien que la France ne serait pas partagée en deux camps ennemis. Il n’y aurait aujourd’hui qu’un seul parti – dont nous sommes – celui des « cassationistes », c’est-à-dire de ceux qui s’en remettent purement et simplement à la Cour de cassation […].
Malheureusement, il n’en va pas tout à fait ainsi. Le Dreyfusisme a singulièrement dépassé le cas de Dreyfus […]. Car il n’est pas douteux que, pour la plupart de ses protagonistes, l’Affaire est un bélier dont on se sert pour ébranler ce qui reste debout des hiérarchies indispensables à toute société organisée, à commencer par l’Armée […] » (« Franchise, 26 avril 1899).

Le dreyfusisme, « ce parti d’anarchie » (« La démolition de l’armée », 26 juillet 1899), était par lui définit comme « la doctrine funeste qui voit dans toutes les croyances les plus chères à l’âme française des superstitions méprisables » (« Le crime de M. Syveton », 19 juillet). Et de déclarer, dans un autre article : « Ceux-là, nous autres “cassationistes” nous les combattons de notre mieux » (« Ça ne fait que commencer », 12 mai 1899. Voir aussi « Distinguons… » et « Conséquences », 27 et 31 mai).
La venue au pouvoir, en juin 1899, du gouvernement de Défense républicaine, renforça encore la volonté de combattre le dreyfusisme qui était la sienne. La présence du « collectiviste » Millerand était pour lui le signe d’une première victoire de l’ennemi (voir « Le ministère », 23 juin), un ennemi, lourde menace, dont le principal allié était l’anarchisme. Sébastien Faure, écrivait-il le 21 août, n’étant que « l’aile gauche de l’armée gouvernementale » (« Les ministériels dans la rue »).
Nous sommes bien loin ici, on le voit, de la position « juste milieu » souvent proclamée (« Distinguons… », 27 mai 1899). Berthoulat, révisionniste par la force des choses et respect de la loi, dénonçait et combattait donc ce qu’il jugeait être les « débordements » du dreyfusisme – au-delà des considérations sur les « révisionnistes qui font bien du tort à la révision ! » (« Les enragés », 9 décembre 1898) : les Pressensé et Morhardt, « “Bulletin de l’Étranger” du Temps fourré au violon pour tapage sur la voie publique ! » (« Après la bataille », 3 octobre 1898), Brisson, qu’il accusait de favoriser « la campagne si vile des sans-patrie » qui « soufflent la haine et le mépris des chefs » (« Ici et là-bas », 16 octobre 1898), Clemenceau et Jaurès, qu’il n’appela bientôt plus, par antiphrase, que « les respectueux » –, mais trouvait d’étonnantes circonstances atténuantes quand il s’agissait de se prononcer sur ceux de l’autre camp. En effet, sa critique savait souvent, suivant le sujet, se montrer indulgente. Ainsi, après les incidents d’Auteuil, Berthoulat ne s’en prit-il guère aux nationalistes mais préféra dénoncer le « danger » que représentaient les anarchistes et les socialistes venus défendre la République à Longchamp. Faut-il s’étonner, demandait-il, « qu’on ait chanté la Carmagnole et crié “Vive la Sociale !” dans le dessein d’être agréable au plus haut représentant de la France entouré des diplomates étrangers ? Se plaindre que nos bons anarchos de gouvernement, nos délicieux collectivistes présidentiels aient chambardé des voitures où il y avait des vieillards et des femmes aux cris de : “Vive Loubet” ? Se lamenter sur quelques “Vive l’armée !” proprement passés à tabac, sur une demi-douzaine d’officiers attaqués, sur un restaurant mis à sac ? Tout cela vraiment n’a aucune importance […] » (« Après la course », 12 juin 1899). Les mois suivants, encore, il condamna Loubet, qui avait refusé – « les journaux de M. Clemenceau et Jaurès ont parlé », donnait-il comme explication – de faire bénéficier de l’amnistie du 14 juillet à son agresseur Christiani (« L’inclémence d’Auguste », 10 juillet), défendit Syveton, « professeur patriote », révoqué (« Le cas de M. Syveton », 19 juillet), s’attaqua à la « Ligue dite des Droits de l’Homme et du Citoyen, laquelle s’affiche comme ayant le monopole de la défense desdits droits » (« Faits à découvrir », 24 août), et, dernier exemple, s’insurgea contre les « journaux de l’Affaire » qui rejetaient « par principe » le témoignage de Lebrun-Renaud, qu’il jugeait pourtant une « chose importante et digne d’examen » car appuyé par des « confirmations annexes, concordantes et précises » (« Gendarme ! », 1er septembre).
Le verdict de Rennes fut accueilli par Berthoulat comme, ainsi qu’il intitula son article, « La fin d’un cauchemar » :

Les juges militaires ont prononcé… Nul ne pourra dire que les débats n’aient pas été assez larges, ni les droits de la défense suffisamment respectés. On n’allèguera pas non plus que le conseil ait condamné par ordre du gouvernement français ou sur les adjurations des gouvernements étrangers… Pour que les juges aient rendu un arrêt de culpabilité, il a donc fallu que leur conviction fût singulièrement indépendante et forte. 
[…] Nous avons toujours soutenu ici, et nous le répétions presque chaque jour, que l’arrêt quel qu’il fût devait avoir force de loi pour tous. Aujourd’hui le respect de la justice comme l’intérêt supérieur de la Patrie divisée exigent qu’il en soit ainsi. Tant pis pour les rebelles ou les fous qui refuseront de s’incliner devant l’arbitrage suprême qui vient d’être promulgué à Rennes. La nation veut sortir de ce mauvais rêve. […] Il n’est pas possible que le cas d’un individu, d’ailleurs jugé par ses pairs, puisse mettre en péril un grand peuple. Trente-neuf millions d’hommes, une armée d’un million de soldats, les destinées et la mission de la France, les grandeurs du passé et les espoirs de demain, tout cela doit-il s’effacer en présence de l’intérêt d’un seul ? » (10 septembre 1899).

Quelques jours plus tard, la grâce accordée à Dreyfus, lui fut l’occasion de prêcher jusqu’au bout l’apaisement. Écrivant qu’« il import[e] peu au respect de la vérité légale que Dreyfus [aille] matériellement jusqu’au bout de sa peine » et qu’il ne fallait voir dans la décision de Loubet « qu’un acte de pitié et un effort vers l’union », il ajoutait, peu surprenant : « La France ne comprendrait pas que [Dreyfus] fût seul à bénéficier du droit régalien dont vient d’user M. Loubet. D’autres Français qui, eux, n’ont jamais été condamné pour trahison, sont actuellement en prison pour délit d’opinion. Les perquisitions et les abus de pouvoir règnent d’un bout à l’autre du pays. Un tribunal d’exception est réuni pour juger des adversaires politiques. Qu’une amnistie générale intervienne aussi bien pour l’Affaire que pour le Complot » (« Pour M. Loubet », 20 septembre).
Il était donc peu étonnant que dans les mois suivants Berthoulat se rapprochât des nationalistes. La Liberté devint bientôt un des organes de la Ligue de la Patrie française dont il rendit compte régulièrement des réunions et des proclamations. À l’approche des élections de 1902, auxquelles il se présenta dans la circonscription de Corbeil, son journal lui servit de tribune électorale. À partir de la fin de 1901, il fit quasi-quotidiennement insérer en tête de La Liberté un appel dans lequel était proclamé : «

Il s’agit de savoir si la République et avec elle la France va sombrer dans l’abîme internationaliste et collectiviste.
Depuis trois ans La Liberté a combattu énergiquement pour le libéralisme contre toutes les intolérances, d’où qu’elles viennent ; elle a soutenu infatigablement la démocratie contre la démagogie, la défense nationale contre les sans-patrie […]
« France d’abord ! » telle est notre devise et celle de nos amis » (« Pour le bon combat ». Note signée La Liberté).

Et c’est en compagnie de Lemaitre, Cavaignac et Syveton qu’il prit, le 16 décembre 1901, la parole dans une réunion à Corbeil où il rendit hommage à ces « hommes éminents » et appela les électeurs à dire bientôt « s’ils préfèrent la liberté à l’arbitraire, la démocratie à la démagogie, la Marseillaise à la Carmagnole, l’armée, enfin, aux meneurs de l’Affaire et aux sans-patrie » (« La réunion de Corbeil », La Liberté, 17 décembre 1901). Dans sa profession de foi, sans surprise, il demanda une nouvelle fois l’amnistie pour les condamnés de la Haute-Cour et proclama son amour de la patrie, de l’armée et du drapeau : « C’est un crime, en ce pays encore mutilé, d’en diminuer le prestige et la force, comme le font depuis trois ans les dreyfusards, maîtres du pouvoir et leurs alliés, les internationalistes » (Recueil Barodet 1902, p. 890). La campagne de Corbeil fut vigoureuse et Berthoulat fut la cible des attaques de L’Indépendant de Seine-et-Oise qui n’eut de cesse de rappeler le dreyfusard qu’il avait été au tout début de 1898 (voir les numéros à partir du 16 février et tout particulièrement ceux des 6, 13 et 27 avril 1902).
Élu, d’extrême justesse, sous l’étiquette « républicain indépendant », il fut assez discret à la Chambre et vota, le 7 avril 1903, après la relance de l’Affaire par Jaurès et l’enquête annoncée par André, sur l’ordre du jour Chapuis, contre le gouvernement et pour la résolution qui demandait de « ne pas laisser sortir l’affaire Dreyfus du domaine judiciaire ». Il écrivait à ce moment : « [Le public] en a assez des dames voilées, des lettres de Guillaume II et des vérités en marche. Il sait trop ce que ce triste fatras a coûté à la France pour éprouver le besoin de s’y replonger à nouveau, aujourd’hui surtout, après la grâce que sollicita et accepta Alfred Dreyfus » (« Le secret de Polichinelle », La Liberté, 8 avril 1903). La petite perfidie sur la grâce indique bien que Berthoulat n’avait guère changé de camp. Le surlendemain, d’ailleurs, revenant sur l’Affaire, il prendra la défense de Cuignet, jeté « aux oubliettes » pour avoir révélé le « faux Panizzardi », légende à laquelle il souscrivait (« Tout ou rien », 10 avril).

En ballotage en 1906, il ne fut pas réélu. Par la suite, il n’écrivit plus guère sur l’Affaire (dans La Liberté comme dans Le Courrier de l’Est dans lequel il signa le leader de mai à novembre). Si, toutefois, il consacra un article à l’attentat dont fut victime Dreyfus à l’occasion de ce qu’il appelait la « panthéonnade de Zola », occasion de revenir sur « les partis d’extrême-gauche » qui ont, « grâce à [Dreyfus], conquis le pouvoir et organisé l’exploitation du pays » (« La paix, s.v.p. », 6 juin 1908 »), Berthoulat se montra par la suite d’une extrême discrétion. Comme il avait accueilli en silence l’arrêt de la Cour de cassation de juillet 1906, il rapporta, dans La Liberté, sans le moindre commentaire et noyés parmi les autres informations, le procès Grégori et les insultes de Biétry à la Chambre. De même, La Liberté demeura extraordinairement muette sur la campagne initiée par L’Action française au sujet de la prétendue « violation » par la Cour de cassation de l’article 445. Prudence ou volonté de marquer nettement son refus d’entendre une nouvelle fois parler de l’Affaire ? Quoi qu’il en pût être, Berthoulat n’en parlera en effet plus.
Il continua alors de s’occuper de son journal et fut à nouveau élu dans la même circonscription, au Sénat cette fois, en 1920. Il conserva son siège jusqu’à sa mort.
Nous avons, avec Berthoulat, une variante d’antidreyfusard partisan de la révision.  Mais nous sommes bien loin d’un Paul Granier de Cassagnac qui demanda la révision au jour de l’illégalité commise en 1894. Berthoulat, lui, n’était animé, se déclarant « cassassioniste », que par son désir impérieux d’en finir une fois pour toutes avec l’Affaire.

Sources et bibliographie : Sur les revirements de Berthoulat, on lira les « Notes pour une biographie de M. Berthoulat », La Gifle, n° 1 et 2, avril et 19 avril 1902 qui donne le texte, dont nous citons un extrait, de sa profession de foi de 1898 (non publiée dans le Recueil Barodet, Berthoulat n’ayant pas été élu). On pourra consulter son dossier de la Légion d’honneur : LH/213/18.

Philippe Oriol

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