Félix Alcan

Alcan, Mardochée, Félix, éditeur français, né à Metz le 18 mars 1841*, décédé à Paris le 18 février 1925.

Normalien, ami de Gabriel Monod, il fut tout d’abord libraire, puis entra chez Germer-Baillière dont il devint associé en 1877. En 1883, devenu seul propriétaire, il fonda la librairie Félix Alcan dont il fera une des principales, si ce n’est la principale, maison d’édition spécialisée en philosophie et sociologie. En 1939, les éditions Alcan, Rieder, la Librairie Leroux et l’imprimerie Presses universitaires de France, associées depuis 1934, seront fondues pour donner naissance aux PUF.
Lié à la famille de Lucie Dreyfus, il fut tout de suite convaincu de l’innocence de Dreyfus et se fit intermédiaire de la cause. Ainsi, à l’automne 1897, il fit se rencontrer chez lui Monod et Lannessan avec Bernard Lazare (Tesnière*, p. 135). Rapidement, le siège de sa maison d’édition et le salon de son épouse devinrent deux des lieux de rencontre des savants dreyfusards : Arthur Giry, Auguste et Émile Molinier, Henri Hauser, Charles Bémont, Henri Sée, Gaston Pariset, Louis Eisenmann, Yves Guyot, etc. (Tesnière*, p. 137). Alcan signa aussi le modéré Appel à l’Union (Le Temps, 9 février 1899), participa à la souscription pour propager la vérité (14e liste de la Ligue des Droits de l’Homme) et sera présent parmi les spectateurs du procès de Rennes (Tesnière*, p. 137).
On connait deux lettre de lui à David Hadamard, père de Lucie. Dans la première, au lendemain de l’ouverture de la révision, il écrivait à son « cher ami » pour « partager [sa] joie » et espérer « que la confiance va renaître parmi vous » (29 octobre 1898, Musée de Bretagne) ; et dans la seconde, au lendemain de la grâce, pour l’assurer que malgré le verdict du procès et la nouvelle condamnation de l’innocent, « sa réhabilitation […] est faite pour tous les gens de bonne foi », qu’il fallait « espérer que légalement elle se fera » et qu’il savait pouvoir compter sur ses « nombreux amis pour [l’] y aider » (23 septembre 1899, Musée de Bretagne).

Sources et bibliographie : Valérie Tesnière, Le Quadrige. Un siècle d’édition universitaire (1860-1968), Paris, PUF, 2001, p. 53-154. Son dossier de la Légion d’honneur se trouve à la cote : LH/16/69

Philippe Oriol

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