Charles Bémont

Bémont, Charles, historien français, né à Paris le 16 novembre 1848* décédé à Croissy-sur-Seine le 21 septembre 1939.

Chartiste, docteur ès-lettres (1884), professeur à l’École alsacienne (1878-1890), maître de conférences (1887) puis directeur-adjoint de l’École pratique des Hautes études, secrétaire de la Revue historique depuis 1875, ce médiéviste, intime de Monod, signa la seconde protestation de janvier 1898 (5e liste), la protestation en faveur de Picquart (1ère liste) et le modéré Appel à l’Union (4e liste du Figaro). Il sera aussi un des premiers membres de la Ligue des droits de l’homme (L’Aurore, 1er avril 1898) et actif dans le réseau des savants dreyfusards réunis autour de l’éditeur Alcan. Il souscrira aussi, fin 1899, au monument Scheurer-Kestner (4e liste). Une souscription qu’il fera en compagnie de son épouse, Lina, qui depuis la fin de 1898 fréquentait Lucie Dreyfus. Nous connaissons deux lettres qu’elle lui adressa : une première, de septembre 1898, après l’annonce de la transmission par le gouvernement de la demande de révision à la Cour de cassation, dans laquelle elle lui disait qu’ils partageaient ses craintes, son bonheur, ses angoisses et son espoir et « nous formons les vœux les plus intenses pour que rien ne vienne plus entraver l’œuvre de justice » (lettre du 27 septembre) ; et la seconde en juin 1899, après l’arrêt de révision, pour partager cette nouvelle joie :

Comment exprimer ce que ressentent ceux qui ont partagé, dans la mesure de leurs forces, votre longue angoisse ? Comment vous dire leur joie trop intense, trop profonde pour des paroles ? J’aurais voulu aller à vous avec l’espoir de mettre dans un serrement de main l’inexprimable – mais vous n’êtes pas à Chatou et moi je suis retenue à Croissy jusqu’à la fin de cette semaine. Je vous envoie donc ce mot avec l’espoir que vous sentirez tout ce qu’il contient de sympathie joyeuse et émue, de vœux pour le prompt et heureux retour de celui que vous attendez. (lettre du 4 juin).

Notons encore qu’avec Monod, en 1904, il signa pour la Revue historique une nécrologie dans laquelle il célébrait le grand historien et le grand dreyfusard (tome LXXXV, juillet août 1904, p. 306-313).

Sources et bibliographie : on pourra consulter son dossier de la Légion d’honneur sous la cote : 19800035/194/25386. Les deux lettres de Lina Bémont sont conservées au Musée de Bretagne.

Philippe Oriol

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