Alexandre Bertrand

Bertrand, Alexandre, Louis, Joseph, archéologue français, né à Paris le 21 juin 1820*, décédé à Saint-Germain-en-Laye le 8 décembre 1902*.

Fils du médecin Alexandre Bertrand, frère de Joseph, normalien (1840), Bertrand fut, après une mission de trois ans à Babylone, professeur de troisième à Pau (1845), passa avec succès l’agrégation de Lettres (1848), puis fut nommé professeur de rhétorique à Laval (1848-1849) puis à Rennes (1851-1857). Membre de l’École française d’Athènes (1849-1851), il fut un des fondateurs du Musée des antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye dont il fut le premier directeur de 1862 à sa mort et où le rejoint à partir de 1887 Salomon Reinach. Professeur d’archéologie à l’École du Louvre à partir de 1882, directeur, avec Georges Perrot, de la Revue archéologique à partir de 1863, Bertrand était membre de l’Institut depuis 1881 et l’auteur d’un grand nombre d’ouvrages. Sa fille, Amélie, épousera Paul Appell. Comme l’écrira Salomon Reinach dans la belle nécrologie qu’il consacra à son ami, « quand il sentit qu’un problème moral se posait, ce vieillard de soixante-dix-sept ans n’hésita point. Pour la première fois, il descendit dans la lice, signant des protestations, des appels, apportant à ses compagnons de lutte l’appui de son nom et l’autorité de ses conseils. Peu lui importait de marcher au milieu des haines, dans la poussière des vieilles amitiés brisées » (Salomon Reinach*, p. 60). Il signa ainsi, en janvier 1898, la première protestation (10e liste), la pétition modérée demandant l’ajournement du procès Picquart (« Un vœu », Le Temps du 8 décembre 1898), l’Appel à l’Union (3e liste du Figaro) et fit partie du comité du monument Scheurer-Kestner auquel il souscrivit (18e liste). À la fin de janvier 1898, il avait écrit à Yves Guyot pour le soutenir dans sa « vigoureuse campagne » et l’autoriser à « ajouter [s]on nom à ceux des esprits libéraux et indépendants qui demandent que pleine lumière se fasse au sujet de cette douloureuse question » (Le Siècle, 22 janvier et L’Aurore, 23 janvier. Reprise dans le Livre d’Hommage des Lettres françaises à Émile Zola, p. 30-31 et dans Haime, p. 201). En revanche, comme il l’écrira à Havet, « bien que d’accord avec [eux] sur le fond des choses », il refusera de se joindre à la Ligue des droits de l’homme, ne croyant pas à l’efficacité de la chose et redoutant que ce ne « soit qu’une démonstration platonique » qui risquait de plus de l’« exposer ou [d’]exposer les [s]iens à des ennuis inutiles » (lettre du 6 mars, BNF n.a.fr. 24488, f. 6).
« Défenseur des vérités de 89 » (Salomon Reinach*, p. 60), il sera président d’honneur des Bleus de Bretagne et fut, à ce titre, un des signataires d’une protestation aux délégués sénatoriaux de Bretagne « contre l’inqualifiable candidature du général Mercier audacieusement posée dans un des départements de la Bretagne » au Sénat, « candidature césarienne d’importation étrangère inventée par les Blancs » : « Les électeurs du pays nantais, quelles que soient leurs opinions politiques, ne peuvent (leur conscience le leur défend) confier un mandat législatif à celui qui s’est placé sous le coup de la loi en la violant » (« Bravo les Bleus ! », L’Aurore, 31 décembre 1899).

Sources et bibliographie : on pourra consulter l’article cité de Salomon Reinach : « Alexandre Bertrand », Revue archéologique, quatrième série, tome 1, janvier 1903 et son dossier de la Légion d’honneur sous la cote : LH/216/18. Notons que Reinach le donne semble-t-il par erreur comme signataire de la protestation en faveur de Picquart (Reinach, II, p. 221, n. 1).

Philippe Oriol

BNF

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