Bernard, Tristan (Paul Bernard dit), journaliste, romancier et auteur dramatique français, né à Besançon (Doubs) le 7 septembre 1866*, décédé à Paris le 7 décembre 1947*.
Après des études de droit, un passage dans une industrie d’aluminium à Creil, une expérience avortée au barreau de Paris et un intermède sportif au vélodrome Buffalo, il trouva sa véritable voie dans l’écriture. Proche des milieux anarchistes (il collabora à L’Endehors de d’Axa), il fut introduit à La revue blanche par Romain Coolus et signa « Paul Bernard » jusqu’au 15 septembre 1891. Il publia ses premiers textes en 1894, tint avec Léon Blum la rubrique « Critique du sport », dans La revue blanche. Auteur dramatique, le succès de ses pièces fut, à partir de 1895, constant. Dès lors, son nom figura sur les affiches de nombreux théâtres parisiens, et le public apprécia ses comédies aux personnages frivoles et légèrement veules.
C’est à la fin de 1897, avec la campagne menée par Mathieu Dreyfus et Bernard Lazare, que le doute pénétra dans l’esprit de Tristan Bernard. Il signa sans hésiter la deuxième protestation de janvier 1898 (5e liste), la protestation en faveur Picquart (2e liste), participa également à la souscription « pour propager la Vérité » (3e liste de L’Aurore). Le 2 mars 1898, son nom figurant au bas de l’« Hommage à Zola » des écrivains du Journal, hommage apocryphe publié dans Les Droits de l’Homme par les soins de Jean Ajalbert pour forcer un peu la main des « confrères », Bernard écrivit : « J’ai déjà affirmé et j’affirmerai, chaque fois que j’en aurai l’occasion, la haute admiration que j’ai pour le talent et les généreux efforts d’Émile Zola ; mais je dois vous dire que je n’ai pas reçu et, par conséquent, point signé l’adresse qu’on a publiée ce matin » (Le Journal, 3 mars 1898). En fait, bien que le soutien qu’il offrit à Zola fût sans éclat, il n’en demeura pas moins ferme et définitif. Il faut dire que sa position était délicate, pris entre ses convictions en faveur de Dreyfus et son beau-frère et complice, Pierre Veber, irréductiblement ancré dans le camp opposé. Il fut aussi un des premiers adhérents de la Ligue des droits de l’homme.
Sources et bibliographie : on peut consulter sur Tristan Bernard, Jean-Jacques Bernard, Mon père, Tristan Bernard, Paris, Albin Michel, 1955 ; Olivier Merlin, Tristan Bernard ou le temps de vivre, Paris Calmann-Lévy, 1989.
Sandrine Maillet