Antonin Bergougnan

Bergougnan, Jean, Pierre, Antonin, avocat et journaliste français, né à Castelsarrazin (Tarn-et-Garonne) le 20 janvier 1854*, décédé à Asnières-sur-Seine (Seine, aujourd’hui Hauts-de-Seine) le 1er juillet 1911.

Issu d’une famille de commerçants aisés, Antonin Bergougnan fit ses études de droit à la Faculté de Toulouse, et exerça de 1879 à 1884, tout en prenant des responsabilités dans la commune : en 1880, il fut élu maire de la ville. Puis, monté à Paris, il devint en 1882 journaliste au Temps où il s’occupa de la chronique judiciaire. Il entra en 1894 au barreau de Paris, se spécialisant dans les affaires de presse.
Dreyfusard, il publia en 1898 une étude qui évoque des erreurs judiciaires – L’Affaire Fabus et L’Affaire El Chourffi, le premier diffusé avec l’aide de la Ligue des droits de l’homme – et s’inscrivent dans le mouvement révisionniste. S’il ne signa pas la première et la deuxième protestations de janvier 1898, il signa fin 1898 la protestation demandant que fût ajourné le procès contre le lieutenant-colonel Picquart (« Un vœu », Le Temps du 6 décembre 1898 ; est-il le Bergougnan, « avocat à la Cour de Paris » qui signa la protestation en faveur de Picquart, 11e liste ?) et on le retrouve parmi les contributeurs au monument Scheurer-Kestner (8e liste). La Libre Parole le présentait, au demeurant, comme « l’agent officiel, au Palais, du Syndicat Dreyfus », ce qui le poussa à poursuivre, fin janvier 1899, Viau. Cet avocat à la Cour d’appel de Paris était le cousin du procureur général Jean-Pierre Manau (BOLDH, 15 mars 1908, p. 341 et Alfred Dreyfus, Carnets 1899-1907).
De même, s’il n’appartint pas aux premiers ligueurs, il devint l’un des conseils juridiques de la Ligue des droits de l’homme aux côtés de Me Mimerel, de Me Eugène Prévost, d’Ernest Tarbouriech ou de l’avocat à la Cour d’appel de Paris, Goudchaux-Brunschvicg. Il assista en 1899 les dirigeants de la LDH poursuivis – sauf Ludovic Trarieux – comme membres d’une association non-autorisée. Le décès du sénateur Jean-Jules Clamageran, en 1903, lui ouvrit, avec le soutien de Georges Bourdon et de Francis de Pressensé, les portes du comité central de la LDH. Il participa assez régulièrement aux séances de l’instance dirigeante de l’association, prouvant son attachement aux libertés individuelles, à la fois dans l’orientation idéologique et dans la réflexion juridique du mouvement. C’est ainsi qu’en 1905, il appartint aux opposants à la position de la LDH dans le cadre de l’affaire des fiches et, à l’occasion du congrès qui eut lieu la même année, il présenta un important rapport sur la loi du 30 juin 1838 relative aux aliénés. Cette année-là le vit aussi constituer une synthèse juridique sur l’affaire Cyvoct (BOLDH, 15 novembre 1905, p. 1443 et s.), avec cependant une divergence de vue entre l’avocat et son client (BNF, n.a.fr. 24492, correspondance reçue par Louis Havet, f. 113-114, f. 139). Il conseilla aussi la famille Dreyfus (Alfred Dreyfus, Carnets 1899-1907, p. 268).
Moins présent au comité central les années suivantes, il se retira de l’association le 15 mars 1909, semble-t-il pour des raisons professionnelles. Mais Fernand Labori, évoquant la figure du disparu dans son allocution d’ouverture de la Conférence du stage, mit l’accent sur le désenchantement et le scepticisme qui avaient marqué la fin de la vie de l’avocat (Discours prononcé par M. Labori, bâtonnier de l’Ordre des avocats, à l’ouverture de la Conférence le 2 décembre 1911, Alcan-Lévy, 1911). À noter qu’il échoua par deux fois aux élections législatives à Moissac en 1901 et en 1903.

Sources et bibliographie : son étude Les Erreurs des conseils de guerre. L’Affaire Fabus et L’Affaire El Chourffi a été publié chez Stock en 1898. On trouvera des éléments biographiques dans Wendy Helen Perry, Remembering Dreyfus : The Ligue des Droits de l’Homme and the Making of the Modern French Human Rights Movement. Appendix : Ligue des Droits de l’Homme central committee members (1898-1939). Biographical Dictionary, thèse de doctorat d’histoire, dact., s. la dir. de Donald M. Reid, Univ. de Caroline du Nord (États-Unis), 1998, et dans les sources primaires suivantes : Discours prononcé par M. Labori, bâtonnier de l’ordre des avocats, à l’ouverture de la conférence, le 2 décembre 1911, Alcan-Lévy, 1911, BOLDH, passim. On pourra consulter son dossier de la Légion d’honneur sous la cote : 19800035/252/33575.

Emmanuel Naquet

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