Berger, Paul, Louis, Georges, ingénieur et homme politique français, né à Paris le 5 octobre 1834*, décédé à Paris le 8 juillet 1910*.
Ancien élève de l’École des Mines, ingénieur à la Compagnie du Nord, professeur aux Beaux-Arts, directeur des établissements Bréguet et administrateur de plusieurs sociétés, Georges Berger se forgea un nom en devenant le grand ordonnateur des expositions universelles de 1878 et 1889. Élu député de la Seine en 1889 grâce à cette notoriété parisienne, il exerça la vice-présidence du groupe dit « progressiste », qui réunissaient les républicains modérés. Membre de la commission des douanes et de l’Union coloniale française, proche du lobby du libre-échange et de celui des colonies, il intervint surtout sur les questions douanières ou celles qui concernaient les expositions, sa spécialité, ou les Beaux-Arts.
Face à l’Affaire, son attitude fut celle de bien des conservateurs, avant tout soucieux de protéger les institutions établies. C’est pourquoi il vota l’ordre du jour Lavertujon du 4 décembre 1897 (affirmant le respect de l’autorité de la chose jugée et rendant hommage à l’armée), les poursuites contre Zola (ordre du jour de Mun), l’affichage du discours de Cavaignac et la loi de dessaisissement. Après la démission de Chanoine, il déposa une disposition additionnelle à l’ordre du jour qui demandait de blâmer le gouvernement pour n’avoir pas fait respecter l’armée (Journal officiel, Débats parlementaires, Chambre des députés, 26 octobre 1898, p. 2115-2117).
À chaque étape décisive de l’Affaire, il vota contre les dreyfusards ou préféra s’abstenir (ordre du jour Sembat demandant l’affichage de l’arrêt de la Cour de cassation et vote des deux ordres du jour Chapuis des 22 mai 1900 et, après le discours de Jaurès et la promesse d’une enquête par André, du 7 avril 1903). La peur du radicalisme était sans doute pour beaucoup dans son hostilité au dreyfusisme puis à la politique de Défense républicaine. Il fut d’ailleurs l’un des principaux bailleurs de fonds de la Fédération républicaine, lancée en 1903 pour combattre le Bloc des gauches. Cela dit, s’il fut antidreyfusard et avait pu se présenter en 1902 sur un programme qui voulait combattre l’influence de la franc-maçonnerie, il refusa toujours l’antisémitisme et n’eut aucune crainte à l’affirmer, ce qui lui avait valu pendant la campagne d’être attaqué par son adversaire, Lecoutey, qui l’accusait d’être un « ministériel honteux » et un « dreyfusard honteux ». Par la suite, il s’abstint lors du vote de réintégration de Dreyfus et de Picquart dans l’armée, s’opposa à l’ordre du jour Pressensé demandant que fussent flétris les coupables, s’abstint sur l’ordre du jour Réveillaud « rendant hommage aux artisans de la révision » et s’opposa au transfert des cendres de Zola au Panthéon (proposition de loi Breton). De même, en 1908, il s’abstiendra lors du vote condamnant les attaques contre la Cour de cassation après les campagnes de L’Action française et de L’Autorité (ordre du jour Dalimier).
Chez ce grand bourgeois libéral, le conservatisme et l’anti-radicalisme étaient plus forts que le souci de la vérité.
Sources et bibliographie : on pourra consulter son dossier de la Légion d’honneur sous la cote : LH/188/53.
Jean Garrigues