Gustave Austerlitz

Austerlitz, Gustave, pseudonyme d’un agent d’espionnage demeuré inconnu.

À l’occasion de l’enquête pour la seconde révision, au printemps 1904, il fut découvert, grâce à Targe, sur les registres de comptabilité du service de renseignements, un décaissement de 25 000 francs porté au compte d’Austerlitz. Austerlitz, qui espionnait pour le compte des Français depuis juillet 1898, était un espion gourmand qui demandait des sommes considérables que le capitaine Mareschal, remplaçant de Lauth, payait sans trop de discussion. Mais cette dépense de 25 000 francs était intéressante dans la mesure non seulement où elle était nettement supérieure à la valeur des documents fournis mais encore parce qu’elle était contemporaine du témoignage de Cernuski à Rennes. Les membres du service de renseignements, François, Mareschal, Dautriche, Rollin, interrogés à ce sujet par le conseiller Laurent-Atthalin mentirent, s’embrouillèrent, se contredirent. Mis en accusation, leur procès s’ouvrit le 25 octobre 1904 et aboutit à un acquittement à l’unanimité par abandon de l’accusation. On ne put jamais tirer cette affaire au clair. Mais il est bien possible qu’Austerlitz ne toucha jamais la totalité de ces 25 000 francs dont la majeure partie aurait pu ainsi servir à rétribuer le faux-témoignage de Cernuscki à Rennes. Après le procès Dautriche, les 23 et 24 mars 1905, L’Éclair publia la correspondance Mareschal-Austerlitz qui était censé prouver « la machination ourdie contre quatre officiers irréprochables ». Ces lettres révélaient les appétits d’Austerlitz, allant jusqu’à demander 60 000 francs pour des documents, et aussi que Mareschal avait bien parlé à Austerlitz, en juin 1899, de la possibilité de payer de nouvelles informations entre 20 et 30 000 francs. Ainsi, pour L’Éclair, le déboursement de 25 000 francs trouvait son explication et les quatre officiers étaient définitivement disculpés. C’est possible… mais il n’en reste pas moins vrai qu’il est difficile de comprendre comment, avant de retrouver subitement la mémoire (Cassation II. II, tome 3, p. 239), Mareschal avait pu, lors de sa première déposition à l’occasion de la seconde révision, oublier ces 25 000 francs et, surtout, affirmer avec autant de vigueur que « je n’ai jamais eu l’occasion de payer un document ce prix-là [25 000 francs] » (ibid., p. 208), voire que « la plus grosse somme que j’ai jamais emportée a été de 10 000 francs » (ibid., p. 210)

Sources et bibliographie : Procès Dautriche. Voir aussi Carnets 1899-1907, p. 185-187, 191-196.

Philippe Oriol

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