Astima, Ange, Gaétan, militaire et homme politique français né à Cervione (Corse) le 7 août 1826*, décédé à Paris le 13 juin 1909*.
Engagé en 1854, sergent d’infanterie en 1849, lieutenant en 1855, capitaine en 1861, major en 1871, lieutenant-colonel en 1875, retraité avec le grade de colonel de l’armée territoriale, Astima s’était lancé en politique. Maire de Cervione, député de la Corse de 1886 à 1889, président du Conseil général depuis 1897, il vota en avril 1898 une adresse au ministère de la Guerre pour « affirmer hautement et officiellement le respect, la confiance et l’admiration que tous professent en Corse pour un corps qui n’a jamais cessé d’être la sauvegarde des destinées de la patrie » (Conseil général de la Corse, Session d’avril 1898. Procès-verbal des délibérations, Ajaccio, imprimerie A. F. Leca, 1898, p. 35).
Candidat aux élections de 1898, il fut le seul du Parti Républicain en Corse à faire allusion à l’Affaire dans sa profession de foi : « Notre armée dont aucun nuage ne saurait ternir l’éclat plane au-dessus des vaines agitations avec son auréole d’honneur, de respect et d’abnégation : mais si aux jours prochains elle est de nouveau mêlée à de pénibles événements, fort de votre confiance je considérerais comme le plus grand honneur de ma carrière d’apporter à sa cause tout mon dévouement » (« Gazette électorale », Le Courrier de la Corse, le 7 avril 1898). Élu à Bastia avec une majorité de trois voix, sa candidature fut invalidée le 13 juillet et une nouvelle élection eut lieu le 2 octobre où il fut élu avec 7 132 voix contre 6 741 pour son adversaire Antoine Gavini. Il fut l’objet, suite à cette élection, des critiques du journal Le Furet (de Bastia) assurant qu’il était dreyfusard dans la mesure où il était un des partisans d’Emmanuel Arène (qui l’avait soutenu au moment de son invalidation).
Il est clair qu’Astima n’avait pas varié. À la Chambre, s’il donna sa voix à l’ordre du jour condamnant les incidents d’Auteuil, il vota la loi de dessaisissement et contre l’ordre du jour Sembat proposant l’affichage de l’arrêt de la Cour de Cassation. Après Rennes, il vota l’ordre du jour Chapuis qui tentait de s’opposer à la reprise de l’affaire, s’abstint lors du vote de l’amnistie et, en avril 1903, après la relance de l’Affaire par Jaurès et l’enquête annoncée par le général André, vota la confiance au gouvernement (première partie de l’ordre du jour Chapuis) et pour « ne pas laisser sortir l’affaire Dreyfus du domaine judiciaire » (seconde partie).
Battu au renouvellement de 1906, il se retira de la vie politique.
Sources et bibliographie : dossier de la Légion d’honneur sous la cote : LH/61/69.
Vanessa Alberti