Louis d’Arthenay

Arthenay, Louis, Charles, Étienne d’, négociant français, né à Caen (Calvados) le 26 décembre 1861*, décédé à Bazenville (Calvados) le 28 novembre 1926.

Conseiller municipal et conseiller général, d’Arthenay, en 1901, fonda L’Impartial bayeusain (n° 1, le 20 juillet), journal « paraissant toutes les fois qu’il y a un abus à signaler, une manœuvre à déjouer, une infamie à flétrir, une idée à soutenir, des opprimés à protéger, des victimes à venger ». Ses dénonciations furent essentiellement tournées en direction du ministère de Défense républicaine, « ministère de Haute-Trahison », jouet de « la juiverie cosmopolite et dreyfusarde » (« Honneur à vendre », 5 octobre 1901), qui n’avait à ses yeux que pour seul rôle de privilégier ses amis : « Actuellement en France, il y a deux poids deux mesures : si vous êtes youpin, vous avez tous les droits ; si vous ne l’êtes pas, vous êtes taillable et corvéable à merci » (« Sales youpins », 25 janvier 1902).
En 1902, il se présenta aux législatives dans le Calvados à Bayeux. Estampillé « candidat n° 3 », en souvenir du nom d’une maison de tolérance dont il était le propriétaire en 1890 (« Les élections », L’Aurore, 5 mai 1902), il était soutenu par la Ligue de la patrie française et se considérait comme le « républicain sincère et bien français » qu’il appelait de ses vœux, celui qui « tiendra haut et ferme le drapeau national pour courir sus aux francs-maçons dreyfusards et aux juifs accapareurs, que le produit de leurs opérations et la lâcheté cupide de nos gouvernants ont rendu nos maîtres ». Son objectif était simple : « Le triomphe de la République honnête et libérale par la France aux Français » (« Défendons-nous !!! », 1er mars). Candidat « Républicain, Libéral, Indépendant, ANTIMINISTÉRIEL », il concluait sa profession de foi par un « À bas les Juifs ! À bas les Francs-Maçons !! » (19 avril). D’Arthenay sera largement battu mais recueillera toutefois 3 145 voix qui le placeront en deuxième position derrière Gérard (7 406 voix), le candidat aux « attaches juives et judaïsantes », et devant Lamy (2 814 voix), « ministériel et caméléon politicard » (« Les élections », 3 mai). Commentant les résultats et les déclarations de victoire du Bloc, 150 voix de majorité en comptant « les chaises-percées dont la plus grande partie des députés ministériels font usage au cours des séances parlementaires », il prédisait « le vol organisé, la ruine du commerçant, l’exploitation de l’ouvrier, la suppression de toute justice » et ajoutait : « il faudra s’estimer heureux, si cette bande de misérables ne place pas Dreyfus à la tête de notre armée et ne livre pas contre écus sonnants nos plans de mobilisation à l’Allemagne » (« Liquidation Ministérielle », 17 mai). Multipliant les articles contre Combes (« En avant !! Comb…es !! », 23 août 1902), contre André, « notre poivrot national » (« La récompense », 20 septembre 1902), il eut une belle occasion de se déchaîner avec la reprise de l’Affaire en 1903 :

La Cour de cassation est de nouveau saisie d’une demande de révision, et c’est André, le chef de l’armée française, qui s’est chargé d’introduire la nouvelle demande en révision du procès d’un traître trois fois condamné et que cinq ministres de la guerre des plus honorables, ont déclaré sur leur âme et conscience, coupable de haute trahison envers la patrie. Aujourd’hui, on est en droit de se demander quel est le plus misérable, le plus traître d’André ou de Dreyfus, de Dreyfus ou d’André ? C’est un défi jeté à la France entière. La réhabilitation du traître achèvera la désorganisation de l’armée […] » (« La question du jour », 5-12 décembre 1903).

L’Impartial bayeusain, devenu L’Impartial de la Normandie en mai 1902, cessera de paraître au début de 1906. Nous perdons à ce moment toute trace d’Arthenay.

Philippe Oriol

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