Commandant Jean Bayle

Bayle, Jean, Paul, Émile, militaire français, né à Paris le 5 décembre 1850*, décédé au Mans le 20 novembre 1895*.

Polytechnicien (1869), lieutenant d’artillerie en 1872, capitaine en 1876, chef d’escadron en 1890, Bayle faisait partie du premier bureau de l’État-major et avait eu à ce titre le stagiaire Dreyfus sous ses ordres. Quand vint son procès, Dreyfus pensera à lui comme possible témoin à décharge mais Bayle – refusa-t-il ? – ne témoignera pas (Notes de Dreyfus à Demange, XVIII). S’il ne fut pas mêlé à l’Affaire de son vivant, il apparut après son décès au sujet d’une minute dont il avait la responsabilité et qui demeura introuvable – parce qu’on ne voulut pas la chercher – et dont la disparition fut mise sur le compte de Dreyfus.
Un secret familial, révélé par une de ses descendantes, attribue à sa mort prématurée à un crime qui avait pour but de l’empêcher de dire sa conviction de l’innocence de Dreyfus. Muté au Mans en juin 1895, où il rejoignit un régiment placé sous le haut commandement de Mercier, il avait obtenu la preuve de l’innocence de Dreyfus et avait pris la décision de monter à Paris pour en témoigner. La veille, ce cavalier émérite disparaissait, mort d’une chute de cheval trop bienvenue.
La mémoire familiale a aussi gardé trace d’un autre souvenir selon lequel Bayle, soupçonnant des fuites à l’État-major, avait établi une surveillance de nuit. Il y aurait ainsi rencontré Dreyfus, qui, « aussi étonné que moi de me voir, m’expliqua qu’il suspectait, tout comme moi, une fuite de documents à partir du bureau. Comme moi aussi, il venait se rendre compte de ce qui se passait, mais n’avait pas voulu m’en parler avant d’essayer de confirmer ce qui n’était encore pour lui que de vagues soupçons. » S’il n’y a en effet aucune raison de mettre la parole de Bayle en doute, ce dernier point, comme le considérera Marcel Thomas, consulté par la descendante, semble peu probable.

Sources et bibliographie : on consultera son dossier militaire conservé au SHD sous la cote 5 Yf 91131 ; son dossier de la Légion d’honneur sous la cote : LH/149/14. Sa descendante, Martine Lani-Bayle, a raconté ces secrets de famille dans un ouvrage intitulé : De femme à femme à travers les générations. Histoire de vie de Caroline Lebon-Bayle. 1824-1904, Paris, L’Harmattan, 1997, p. 157-187.

Philippe Oriol

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