Cochefert, Armand, Constant, Théophile, policier français, né à Paris le 16 mars 1850, décédé à Paris le 6 septembre 1911.
Cochefert, entré à la Prefecture de Police comme secrétaitre-suppléant aux délégations judiciares en 1879, fut successivement secrétaire titulaire à Courbevoie (1880) puis à Paris (1881), commissaire de police à Saint-Ouen (1885 ; il avait été reçu premier à l’examen) puis à Boulogne-sur-Seine (1886) et à Paris (1889), commissaire aux délégations (1891) et commissaire divisionnaire (1893).
Chef de la Sûreté depuis juillet 1894, Cochefert fut consulté le 11 octobre par Mercier qui était en quête de « quelques conseils au point de vue de la procédure exceptionnelle qui pourrait être suivie (Oriol, 22). Il semble que – contrairement à ce qu’on dit habituellement, les attribuant à Du Paty –, c’est lui qui donna l’idée de la scène de la dictée et de l’arme laissée à disposition de Dreyfus. Présent ce fameux jour, il arrêta Dreyfus après la mélodramatique sortie de Du Paty et posa quelques question à Dreyfus, avant, avec le même Du Paty, d’opérer les perquisitions au domicile du prisonnier et à celui de son beau-père, David Hadamard. Le mois suivant, c’est lui qui fut chargé des recherches sur le papier pelure du bordereau, recherches qui, on le sait ne donnèrent rien. Enfin, il déposa au procès de 1894, « sans passion » (Reinach, I, p. 232).
Là se borne l’intervention de Cochefert dans l’Affaire. Il fut toutefois appelé à déposer au procès Esterhazy puis au procès de Rennes, relativement à l’arrestation à laquelle il avait assisté et participé. Sa déposition à Rennes – l’autre, faute de sténographie ne nous est pas connue – fut importante. En effet, s’il dit avoir eut, à cette époque, « l’impression que [Dreyfus] pouvait être coupable » (p. 584) – croyant déceler chez lui, au moment de la dictée, une grande émotion et, surtout, par les propos de Sandherr affirmant l’existence d’une autre pièce mentionnant son nom, par l’« affirmation aussi nette et aussi formelle que celle de M. Bertillon et aussi par la conviction que j’avais qu’une longue enquête […] avait été faite par le service des renseignements » (p. 585) –, il tint à affirmer que ce qu’il ne voulait définir que comme une « impression » s’était « sensiblement modifiée » (p. 585). Il expliquait : « […] si, à l’époque de ma première intervention, j’avais connu l’écriture du commandant Esterhazy, je n’aurais pas manqué d’appeler l’attention du ministre de la Guerre sur la similitude qui existe entre cette écriture et celle du bordereau, et je l’aurais peut-être retenu dans son premier élan » (pp. 585-586).À l’occasion de la seconde révision, Cochefert, qui en novembre 1902 avait quitté la Sureté pour occuper le poste de contrôle général à la Préfecture de police, fut appelé à témoigner au sujet des encoches du bordereau, témoignant – et ruinant ainsi la théories de quelques tenants de l’accusation – de l’usage qui était celui de la police d’en pratiquer sur les documents destinés à prendre place dans les scellés ouverts.
Sources et bibliographie : la déposition de Cochefert à Rennes se trouve dans Rennes I, p. 581-586. Sa déposition lors de la seconde révision se trouve dans Cassation ii. ii, tome 3, pp. 279-280.
Philippe Oriol