Émile Berr

Berr, Émile, journaliste français, né à Lunéville (Meurthe-et-Moselle) le 6 juin 1855*, décédé à Paris le 9 octobre 1923.

Après s’être consacré à l’industrie et à la finance, tout en en commençant timidement à faire ses premières armes de journaliste (La France du Nord, La Nouvelle Revue), Berr entra en 1886 à La Petite République française puis passa au Petit Parisien et, en 1888, au Figaro où il devint rapidement chef des échos et rédacteur en chef du supplément littéraire (1895). Collaborateur à L’Illustration, à la Revue Bleue, au XIXe Siècle, à La Vie parisienne, à La Liberté, il publia aussi un certains nombres de volumes, portraits de contemporains, recueils de chroniques et un célèbre reportage au Pôle Nord (Au pays des Nuits blanches, 1900).
C’est à lui, comme rédacteur du Figaro, que Lemercier-Picard, à la fin de 1897, s’adressa pour mettre en circulation le « faux Otto ». Berr le communiqua à Joseph Reinach qui découvrant le faux et flairant le piège le refusa. Berr fut ensuite amené à témoigner au procès qui opposa Reinach à Rochefort au sujet de ce faux et fut un de ceux qui permit d’identifier Lemercier-Picard après son suicide.
Dreyfusard, Berr signa la protestation en faveur de Picquart (3e liste ; s’il ne s’agit pas d’un homonyme) et l’Appel à l’Union (5e liste du Figaro). Dans Le Figaro, où il s’occupait particulièrement de la rubrique relative à la proche Exposition universelle, il n’eut guère à parler de l’Affaire hormis après le verdict de Rennes quand vinrent les nouvelles d’un boycott étranger. À deux reprises, évoquant cela, il fit part de ses sentiments. Le 13 septembre, il écrivait ainsi : « Ce n’est pas la France qui a condamné Dreyfus : c’est un vote. C’est le hasard stupide d’un oui, proféré au lieu d’un non, par une pauvre voix humaine. / On ne se brouille pas avec quarante millions de personnes pour cela » (« L’Exposition de 1900 et l’Affaire »). Et le 16, se réjouissant que tout s’arrangeât enfin : « Les vrais amis de la justice et de la vérité ont heureusement vu clair dans ce jeu [le jeu de ceux, selon Berr, qui s’inventaient l’excuse de la condamnation de Dreyfus pour exercer leurs rancunes]. Ceux-là savent – à l’étranger comme en France – qu’il y a des solidarités impossibles, qu’aucune fiction légale ne saurait imposer à personne ; et que le jugement d’un Tribunal – quel qu’il soit – n’a jamais suffi à exprimer (ni à créer, à plus forte raison) l’état de conscience d’un pays » (« L’Exposition de 1900 et l’Affaire »).

Sources et bibliographie : on consultera son dossier de la Légion d’honneur sous la cote : LH/204/41.

Philippe Oriol

 

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