Paul Bernard

Bernard, Paul, Victor, avocat et homme politique français, né Duperré (Algérie) le 31 mai 1862, décédé à Constantine (Algérie) le 16 octobre 1924.

Après avoir renoncé à la carrière militaire à laquelle il s’était préparé (études au Prytanée militaire de La Flèche et admissibilité à Saint-Cyr), Bernard s’installa à Alger où il fit son droit et fut, un moment, attaché au gouvernement général de la colonie. Poète à ses heures (Tendres choses, 1888), franc-maçon (Dictionnaire des FM, p. 140), il fut surtout, à son retour à Paris, où il vint exercer son métier d’avocat, conseiller municipal (élu sous l’étiquette radical-socialiste) du quartier de la Salpêtrière où il avait été élu en 1893.
Le 24 janvier 1898, au cours d’un meeting à Lyon, une lettre de lui fut lue dans laquelle, fidèle à la ligne socialiste, il déclara que « le danger est grand pour le Parti socialiste, car si les catholiques et les juifs se prennent le bec, ce n’est que dans le but d’endormir la vigilance des prolétaires » (Birnbaum, p. 157). À l’occasion des élections de 1898, où il se présenta dans le 13e arrondissement de Paris sous l’étiquette « républicain socialiste indépendant », il sortit de cette position juste milieu. En effet, s’il demeura discret dans sa profession de foi, se contentant de dénoncer « les intrigues de la haute finance cosmopolite, qui ne pense qu’à désorganiser et à ruiner notre pays » (Recueil Barodet 1898, p. 661), il mena une active campagne contre son adversaire Gérault-Richard en grande partie centrée sur l’Affaire. Au second tour – il était arrivé deuxième au premier tour avec 600 voix de moins –, il radicalisa son discours. Sur une affiche, se définissant comme « Républicain sincère, démocrate avéré, patriote convaincu », il écrivait : « Les élections vont avoir lieu le 22 mai. Le procès Zola recommencera le lendemain. / Votre verdict ne laissera pas supposer un seul instant, ni ne permettra un seul doute sur vos sentiments à l’égard des défenseurs du traître » (archives PP. Ba 658). En quelques jours, entre les deux tours, d’autres affiches de Bernard couvrirent les murs de l’arrondissement, qui reprochaient à Gérault-Richard son abstention du 4 décembre, le présentaient comme étant « le grand favori du Syndicat de trahison » et appelaient les électeurs à répudier « ceux qui, dans un but inavouable se sont honteusement compromis avec le Syndicat des Dreyfusards » (ibid.). Il fut du coup soutenu par Le Jour qui célébrait en lui le fait qu’il avait « pris parti contre Dreyfus et les Juifs » et qu’il ait, « par ce seul fait, […] contre lui tous les dreyfusards » (12 mai). La tactique porta semble-t-il ses fruits et Bernard arriva en effet à retourner la situation et fut élu avec 150 voix d’avance.
À la chambre, après avoir donné son adhésion au Parti républicain socialiste français de Rochefort (voir son discours au « Banquet des élus », L’Intransigeant, 13 juin 1898), ce fervent supporter de Drumont, qu’il était venu accueillir à la gare à son retour d’Algérie après sa victoire (Jean-Bernard, « Ce que j’ai vu ! », L’Écho de Clamecy, 5 juin 1898 – vue 304), vota l’affichage Cavaignac, la loi de dessaisissement pour « donner satisfaction à l’opinion indignée [de la conduite des conseillers de la Chambre criminelle] » (« Le Projet du gouvernement », La Patrie, 1er février 1899), condamna les incidents d’Auteuil, vota contre l’affichage de l’arrêt de la Cour de cassation (ordre du jour Sembat), et, après Rennes, l’ordre du jour Chapuis (22 mai 1900) contre la reprise de l’Affaire et s’abstint sur le vote de l’amnistie (tout en votant l’amendement Vazeille).
En 1902, candidat du Comité national antijuif, présentant une « candidature républicaine, socialiste et patriote et s’engageant à la faire triompher […] pour l’écrasement du gouvernement de trahison républicaine » (La Patrie, 11 mars 1902), il fut battu et reprit sa profession d’avocat qu’il abandonna en 1905 pour entrer dans la magistrature algérienne. Juge de paix à Tablat (1905-1911) puis à Aïn Bessem (1913), il fut, la même année, nommé jugé à Sétif puis, en 1917, procureur près le tribunal de Constantine.

Sources et bibliographie : On consultera sa fiche de carrière au CAC sous la cote : 20030033/31 ; son dossier de magistrat au CARAN sous la cote : BB/6(II)/661/2.

Philippe Oriol

Wikipédia

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