Belloy de Saint-Liénard, Hubert, Marie, Christian, marquis de, militaire français, né à Saint-Sénier-sous-Avranches (Manche) le 12 août 1865*, décédé à Paris le 8 avril 1929*.
Nommé à l’École navale en 1883, aspirant en 1886, enseigne de vaisseau en 1888, lieutenant de vaisseau en 1896, Belloy de Saint-Liénard, le 4 février 1898, à la lecture d’un article de Chesneau dans La Dépêche de Brest, lui écrivit pour lui faire part de son mécontentement :
Vous ne devez pas ignorer que votre journal est assez généralement lu par les officiers séjournant, pour une cause quelconque, au port de Brest. Votre article paru ce matin intitulé : Respect au maître, était donc destiné à passer sous les yeux d’un grand nombre d’entre eux. Vous étonnerez-vous si l’un de ceux qui l’ont lu, proteste ? Il est impossible, monsieur, de défendre cet odieux personnage qui a nom Zola sans admettre l’exactitude des accusations outrageantes qu’il a lancées contre tous ceux qui portent l’uniforme. Votre respect pour le maître va-t-il jusqu’à vous faire partager toutes ses manières de voir, comme votre article pourrait le faire croire ? Ses opinions à notre sujet sont-elles vôtres ? Si oui, je suppose que vous admettrez qu’un officier quelconque, le premier venu, trouve dans votre article une véritable tendance à être un outrage et un défi. Si non, vous trouverez tout naturel de déclarer hautement que votre admiration pour le grand homme ne dépasse pas l’œuvre littéraire et que votre intention n’est pas d’approuver les moyens qu’il a employés pour défendre une cause jugée, moyens qui, comme vous le savez, consistent à attaquer les juges dans leurs consciences d’hommes d’honneur. Nous tous qui pouvons être appelés à siéger dans un conseil de guerre, sommes atteints du même coup. Je crois avoir posé la question en termes clairs et mesurés ; je ne cherche autre chose qu’une explication que vous aurez, certes,à cœur de me donner.
Chesneau répondit à réception :
Quelque courtoise qu’elle soit, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser contient une mise en demeure de m’expliquer sur un point dont la signification ressort très clairement de ce que j’ai écrit. Je me vois donc dans l’obligation Je me refuser à ajouter aucun commentaire aux termes très mesurés de l’article que j’ai publié dans la Dépêche parue ce matin.
Chesneau ayant demandé à ses témoins « de ne pas se dérober si MM. les témoins de M. de Belloy insistaient pour obtenir une réparation par les armes », les deux hommes se rencontrèrent en duel le 7 février. À la cinquième reprise, le combat fut arrêté après la blessure reçue à la main par Chesneau (« Duel Chesneau-de Belloy », La Dépêche de Brest, 8 février 1898).
Par la suite, Belloy de Saint-Liénard, qui souscrira au monument Henry (7e liste), sera nommé attaché naval à Saint-Pétersbourg et capitaine de Vaisseau en 1916.
Sources et bibliographie : on consultera son dossier de la Légion d’honneur sous la cote : LH/173/69.
Philippe Oriol