Beaugé, Louis, militaire français, né à Marolles (Sarthe) le 6 juillet 1833*, décédé à Orléans le 25 octobre 1901.
Engagé dans l’infanterie en 1851, sergent en 1854, adjudant en 1859, sous-lieutenant en 1860, lieutenant en 1866, capitaine en 1870, major en 1880, il était lieutenant-colonel depuis 1888 et, à la retraite, présidait en 1898 le « Souvenir Français » du Loiret, société patriotique destinée à honorer les soldats de la guerre de 1870 (voir Journal du Loiret, 7 août 1898). Il publiera un certain nombre de volumes, essentiellement des manuels militaires. Sa victoire très nette, le 31 juillet 1898, à l’élection de conseiller d’arrondissement du canton d’Orléans-Ouest fut très significative dans une ville de garnison, siège de la 5ème Région Militaire. D’ordinaire, ce type d’élection entre notables locaux était peu politisée. Mais l’adversaire de Beaugé, le sortant Robert Halmagrand, radical et franc-maçon, était le chirurgien-chef de l’hôpital d’Orléans, qui s’était prononcé très tôt pour la révision du procès de Dreyfus et qui s’était vigoureusement élevé contre l’inculpation de Zola. Si sa profession de foi demeura assez modérée sur l’Affaire (« Je regrette, pour l’union qu’il est si désirable d’entretenir parmi nous, la campagne entreprise contre l’autorité de la chose jugée, et, par ricochet, contre les chefs de l’armée », (Journal du Loiret, 30 juillet 1898), sa campagne, soutenue par le Journal du Loiret, fut plus fermes et surtout dans les attaques contre Hamalgrand. Pour eux, l’enjeu du scrutin était de se déclarer « pour ou contre Dreyfus et Zola ».
Êtes-vous pour la réhabilitation du traître Dreyfus et avec Zola, l’insulteur de l’armée ?
Votez pour le Docteur Halmagrand.
Êtes-vous pour le respect de la chose jugée, contre Zola et ses infâmes accusations envers notre armée nationale et ses chefs ?
Votez pour M. le Colonel Beaugé » (Journal du Loiret, 1er août et Georges Joumas, Échos de l’affaire Dreyfus en orléanais, Orléans, Corsaire éditions, 2010, p. 45).
Voter Beaugé, expliquait ainsi le Journal du Loiret, était « une question, non politique, mais patriotique » :
C’est notre patriotisme, c’est notre amour du drapeau et de l’armée, que M. le lieutenant-colonel Beaugé personnifie, dans cette lutte qui le met aux prises avec un zélateur de Dreyfus et un apologiste de Zola.
Après le premier tour, encourageant les électeurs, il mit encore nettement l’accent sur la « signification particulière » de sa candidature, celle qui permettait de barrer la route à son concurrent :
Elle vous demande d’éloigner des conseils électifs ceux qui nous jettent dans l’anarchie en soutenant publiquement les détracteurs de la chose jugée, en creusant notre faiblesse par la suspicion que de pareilles manœuvres tendent à faire courir sur les chefs de l’armée. (Journal du Loiret, 4 août).
En janvier 1899, Louis Beaugé adhéra à la Ligue de la Patrie Française (8e liste).
Sources et bibliographie : Archives Départementales du Loiret, 3M/25749. Son dossier de la Légion d’honneur se trouve à la cote : LH/154/81, son dossier militaire au SHD à la cote : 6 Yf 23404.
Georges Joumas