Alfred Bazillon

Bazillon, Alfred, Marie, Pierre, Victor, propriétaire et homme politique français, né à Saint-Aubin d’Aubigné (Ille-et-Vilaine) le 10 janvier 1847*, décédé à Romazy (Ille-et-Vilaine) le 7 janvier 1911.

Propriétaire terrien, conseiller municipal puis maire de Fougères de 1893 à 1902, Bazillon se présenta aux élections de 1898 en Ille-et-Vilaine sur un programme républicain progressiste. Il déclara dans sa profession de foi : « Avec tous les patriotes, je déplore et je condamne l’agitation créée par les amis d’un traître ; je tiens l’affaire Dreyfus pour bien jugée et je n’admets pas que l’on en tente la révision par quelque moyen que ce soit » (Recueil Barodet 1898, p. 307-308). Malgré cette nette position, le Journal de Fougères, feuille antisémite qui défendait la candidature de son adversaire, Jénouvrier, lui reprocha de ne pas s’exprimer sur la « question juive » à un moment où « il faut que tout homme politique prenne parti pour ou contre les Juifs ; pour ou contre leur influence maudite ; pour ou contre l’envahissement par ces naturalisés d’hier des fonctions publiques » (« La Question juive », 23 avril) : « L’avez-vous remarqué, jamais M. Bazillon n’ose dire un mot contre ces Juifs cosmopolites qui nous ruinent et veulent affamer la France par l’accaparement des blés. C’est que M. Bazillon est prisonnier des Juifs qui le soutiennent et combattent M. Jénouvrier parce qu’il a publiquement dénoncé leur puissance et leurs méfaits » (Birnbaum, p. 378). Bazillon s’insurgea contre ces attaques, déclarant dans La Chronique de Fougères que lui seul avait, dans sa profession de foi, exprimé sa pensée « sur l’affaire Dreyfus et sur l’affaire Zola » et qu’il ne permettait à personne de revendiquer plus que [lui] le titre de bon Français et de bon citoyen », mais donna tout de même satisfaction à ses adversaires en tenant à se montrer plus antisémite que ses détracteurs : « Ce n’est pas seulement contre les Juifs qu’il faut partir en guerre, mais contre l’esprit juif qui n’est malheureusement pas le monopole des circoncis » (30 avril. Cité in Guiffan, p. 94). Mais peu importaient ces justifications et ces signes de bonne volonté. Pour le Journal de Fougères, Bazillon demeurait un représentant de la « République enjuivée […] qui a sauvé du châtiment les flibustiers du Panama […] [et] qui va sauver Zola, l’insulteur de notre armée » (« Les Deux candidats », 30 avril) et le « prisonnier des Juifs qui le soutiennent et qui combattent M. Jénouvrier, parce que M. Jénouvrier a publiquement dénoncé leur puissance et leurs méfaits » (4-7 mai). Élu, membre du groupe des Républicains progressistes et de l’Union progressiste, Bazillon vota l’affichage du discours de Cavaignac, la loi de dessaisissement, flétrit les incidents d’Auteuil et s’abstint sur l’affichage de l’arrêt de la Cour de cassation (ordre du jour Sembat). Contrant l’amendement Vazeille, il s’abstint encore sur la loi d’amnistie. En 1902, se représentant, Bazillon déclara dans sa profession de foi : « […] je ne suis pas partisan de la politique générale du ministère, dont je me suis séparé dans des questions capitales, comme celles qui concernent l’affaire Dreyfus, l’armée, la liberté de l’enseignement, le droit d’association ». Mais cela dit, il ajoutait qu’il ne serait jamais de « parti-pris » contre lui et se refuserait toujours de participer « à la formation d’une majorité qui ne s[erai]t pas exclusivement républicaine ». Et de finir en réaffirmant, comme étant une des bases de son programme, « le respect de l’armée, notre force et notre sauvegarde, que nous ne devons pas plus laisser insulter que désorganiser » (La Chronique de Fougères, 12 avril 1902). Bazillon sera largement battu et quittera « pour jamais » la vie politique (« Aux électeurs de l’arrondissement de Fougères », La Chronique de Fougères, 3 mai 1902), démissionnant même de sa charge de maire.

Philippe Oriol

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