Aron, Joseph, négociant et publiciste américain, né à Phalsbourg (Moselle) le 15 décembre 1836, décédé à Paris le 31 octobre 1905.
Joseph Aron, très curieux personnage, installé aux États-Unis depuis 1855 et naturalisé américain depuis 1871, était revenu en France en 1886. Collaborateur, en 1894, de La Question de demain, directeur de L’Homologation, revue consacrée à la défense de la petite épargne, qui deviendra, en février 1895, Les Mines d’or, puis, en juin, L’Or et l’argent, menait, une ardente campagne contre l’antisémitisme. Ainsi, dans le premier numéro des Mines d’or, le 23 février, et dans une lettre à La Cocarde (12 février), il répondit à un article de Brulat sur « l’envahissement » des lettres françaises par les juifs (« Les littérateurs juifs » et « Grosclaude », 29 janvier et 5 février), et, surtout, il attaqua, avec une belle régularité, Drumont auquel, en plus de ses nombreux articles, il consacra plusieurs plaquettes : Michel Goudchaux et Édouard Drumont ; Questions juives de 1896. Un agent provocateur ; Les Mensonges de Drumont ; Mon pauvre Drumont (toutes trois à son adresse, 1896) ; Drumont, Zola et les juifs, s.n., 1898. Dès le début de l’Affaire, il signa, dans le numéro du 8 novembre 1894 de L’Homologation, un article intitulé « Le Capitaine Dreyfus ». On ne peut pas dire, avec Marrus (p. 245), qu’Aron y demandait simplement qu’on le fusillât. Certes, il l’écrivait bien, se disant partisan de « la peine la plus sévère » pour un soldat qui « a livré des documents à l’étranger », mais il demandait qu’avant d’en arriver là fût « entend[u] l’inculpé » et reproduisait la superbe chronique que Bergerat venait de publier dans Le Journal du 6 novembre, « la plus honnête chose qui ait été écrite depuis l’arrestation du capitaine Dreyfus ». Le 12 janvier suivant, Aron revint sur le sujet. Enregistrant le verdict qui venait de frapper Dreyfus, il tint toutefois à mettre en garde ses lecteurs contre cette presse qui essayait de faire retomber la faute d’un seul sur tous. De plus, après les critiques qu’il avait reçues, il précisait les raisons pour lesquelles il avait cité Bergerat dans son précédent article : non, il ne discutait pas la culpabilité de Dreyfus mais demandait que pour tout suspect fussent respectées les garanties minimales de la défense :
N’eût-il à son actif qu’une chance contre mille d’être proclamé innocent, Dreyfus – ou tout autre prévenu à sa place, il n’importe – par le fait même de son état de prévention, avait droit à ne pas être à l’avance déclaré coupable. Agir autrement, à notre sens, c’est faire volontairement machine en arrière, vers ces époques de barbarie où fleurissait la torture, à jamais bannie aujourd’hui du code des nations civilisées. Qu’on songe seulement un instant à cette hypothèse d’une accusation mensongère, d’une série d’erreurs déplorables, mais possibles après tout, des chefs hiérarchiques de l’inculpé et du Ministre de la guerre, – des hommes comme les autres, sujets par conséquent à l’erreur, – d’une dénonciation calomnieuse ou d’une vengeance. Proclamé dès lors innocent, et comme tel, renvoyé indemne des fins de la plainte dirigée contre lui, conçoit-on supplice moral comparable au sien ? (« L’Ex-capitaine Dreyfus »).
Nous savons que Lazare vint lui rendre visite à plusieurs reprises (il en est question dans ses plaquettes) mais il ne semble pas qu’Aron s’engagea plus avant et se manifesta à nouveau dans le cadre de l’Affaire… si ce n’est – car il semble bien (comme tend à le penser son petit-fils) que ce soit bien lui – en souscrivant au monument Henry (1ère liste) et, en janvier 1900 – et là aucun doute n’est possible ; il souscrivit en compagnie de son épouse (née Macé) – à celle pour « offrir à Paul Déroulède un objet d’art lui rappelant la Patrie absente » (7e liste).
Sources et bibliographie : Sur Aron, on lira Michael R. Marrus, Les Juifs de France à l’époque de l’affaire Dreyfus. Bruxelles, éditions Complexe, 1985, p. 175-177 et on ira visiter le site que lui a consacré son petit-fils, Dominique Bourg : http://joseph.aron.free.fr/.
Philippe Oriol
Bonjour,
J’ai beaucoup avancé dans mes recherches sur mon arrière-grand-père depuis que nous nous sommes parlés, il y a maintenant quelques années. Le site que vous citez n’est malheureusement pas à jour et je n’ai plus, ni le code, ni le logiciel pour le mettre à jour. Quant à l’adresse e-mail qui y est liée, elle est bloquée.
Pouvez-vous me dire ce qui vous donne la certitude qu’il n’est pas le Joseph Aron qui souscrivit pour la veuve d’Henry ? Cela lui ressemble pourtant beaucoup.
Bien à vous,
Dominique Bourg
Eh bien je pense que vous avez raison… Et ce d’autant plus qu’il a donné (et là c’est indiscutablement lui ; il donne avec son épouse, née Macé) pour Déroulède en 1900 !!! Incroyable. Je me suis emballé, prenant sans doute mes rêves pour des réalités et étant bien affirmatif moi qui essaie de demeurer toujours prudent. Je corrige donc. Si vous voulez apporter des modifs à cette notice, allez-y !!! Je suis preneur!
Bien à vous
po