Louis Armez

Armez, Louis, ingénieur et homme politique français, né à Paris le 19 août 1838, décédé à Bourg Blanc (Côtes-du-Nord) le 18 septembre 1917.

Ingénieur civil, maire de Plourivo (1871) et conseiller général de Paimpol, il fut élu député de la première circonscription de Saint-Brieuc en février 1876 sous l’étiquette républicaine. Battu en octobre 1877, il fut réélu en mars 1878 après invalidation de son adversaire. À nouveau battu en 1885, il sera ensuite élu sans interruption comme républicain modéré de 1889 à 1914. Au cours de la campagne électorale de 1893, il fut violemment attaqué par L’Éclaireur des Côtes-du-Nord, un bihebdomadaire fondé par Raphaël Viau qui mena campagne contre lui (voir à partir du 30 juillet) et publia un appel de La Libre Parole demandant aux électeurs antisémites de voter pour son concurrent Joubert (13 août). Cette campagne antisémite, dénoncée par un jeune collaborateur du Journal de Paimpol, Marcel Cachin (« L’Estampille de M. Drumont », 27 août), n’empêcha pas la réélection d’Armez.
Concernant l’Affaire, Armez, le 4 décembre 1897, vota l’ordre du jour de Lavertujon affirmant le « respect de la chose jugée », et « l’hommage rendu à l’armée par le ministre de la Guerre » et s’abstint sur l’ordre du jour flétrissant les « meneurs de la campagne odieuse entreprise pour troubler la conscience publique » (Habert et Richard). Le 13 janvier 1898 suivant, après « J’Accuse… ! », il vota l’ordre du jour de Mun qui demandait au gouvernement de « prendre les mesures nécessaires pour mettre fin la campagne entreprise contre l’honneur de l’armée ». Par la suite, il vota l’affichage du discours de Cavaignac, soutint de son vote la loi de dessaisissement, condamna les incidents d’Auteuil, vota contre l’affichage de l’arrêt de la Cour de cassation (ordre du jour Sembat) et refusa la confiance au cabinet Waldeck-Rousseau, ce qui provoqua une scission dans le parti républicain des Côtes-du-Nord et la création d’une section locale de la Ligue des droits de l’homme et du citoyen à Saint-Brieuc, le 1er juillet 1899.
Après Rennes, il vota l’ordre du jour Chapuis qui demandait au gouvernement de « s’opposer à la reprise de l’affaire Dreyfus de quelque côté qu’elle vienne » et vota l’amnistie en s’opposant à l’amendement Vazeille. Ces votes n’empêcheront pas le candidat conservateur, aux élections législatives de 1902, de désigner Armez comme étant le candidat « des Dreyfusards, des sectaires et des sans patrie ». Il représentait en fait la bourgeoisie laïque, socialement conservatrice, hostile à la droite et au socialisme, et ne gardait son électorat de gauche que par une politique anticléricale, approuvant notamment les mesures contre les congrégations religieuses et la séparation de l’Église et de l’État en 1905. En 1908 (il était absent sur les votes de juillet 1906), il vota enfin la condamnation de la campagne contre la Cour de cassation de L’Action française et de L’Autorité (ordre du jour Dalimier).

Sources et bibliographie : pour plus de détails, se reporter à Jean Guiffan, La Bretagne et l’Affaire Dreyfus, Terre de Brume, 1999.

Georges Joumas

 

 

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