Capitaine François Anthoine

Anthoine, François, Paul, militaire français, né au Mans (Sarthe) le 28 février 1860*, décédé à Paris le 25 décembre 1944*.

Polytechnicien (1879), lieutenant d’artillerie en 1883, Anthoine avait été nommé capitaine en 1889. Le 22 janvier 1898, il vint d’une manière « spontanée » confier à Gonse (déposition Gonse dans Cassation I. II, tome 1, p. 246) que le jour de la dégradation il avait rencontré au sortir de la salle où était enfermé Dreyfus le capitaine d’Attel qui lui avait répété les propos entendus de la bouche même du capitaine quelques secondes plus tôt : « Pour ce que j’ai livré, cela n’en valait pas la peine. Si on m’avait laissé faire, j’aurais eu davantage en échange. » Un témoignage pour le moins suspect que viendra confirmer le commandant de Mitry, auquel Anthoine avait confié ce que d’Attel lui avait dit « aussitôt après la dégradation ». Le problème, est que ce nouveau témoin se rappelait, lui, que la phrase que d’Attel avait répétée à Anthoine, telle que ce dernier la lui avait confiée, était que si Dreyfus « avait livré des documents, c’était dans l’espoir d’en obtenir en échange de ceux qu’il donnait » (Cassation I. II, tome 1, p. 134). Anthoine, dont la déclaration sera rendue publique par Cavaignac lors de la célèbre séance du 7 juillet, viendra le confirmer à deux reprises : lors de la première révision et au procès de Rennes (voir Légende des aveux).
Par la suite, il sera promu chef d’escadron en 1901 (malgré semble-t-il l’opposition d’André qui avait dit à Brugère, dont Anthoine était l’ordonnance, qu’il ne voulait pas promouvoir ce « réactionnaire » – Souvenirs, 1901, p. 3063 v°, SHD GR1 K 160 4), lieutenant-colonel en 1907, colonel en 1910, général de Brigade en 1913 et général de division en 1915 et aura de grandes responsabilités pendant la Guerre (commandant de la IVe puis de la Ière Armée puis chef d’état-major général des armée du Nord et du Nord-Est).

Sources et bibliographie : La déclaration d’Anthoine du 22 janvier 1898 se trouve dans AN BB19 108. Elle a été publiée dans Cassation I. II, tome 2, p. 133-134 et est donnée à la suite de cette notice en annexe. Sa déposition lors de la première révision se trouve dans ibid., tome 1, p. 282-283 et celle à Rennes dans Rennes, III, p. 83-86. Son dossier militaire est conservé au SHD sous la cote 9 Yd 644 ; son dossier de la Légion d’honneur sous la cote : LH/41/85.

Philippe Oriol

BNF

 

 

Paris, le 22 janvier 1898.

Le capitaine Anthoine a l’honneur de rendre compte que, le jour de la dégradation de Dreyfus, il s’est rencontré, à la sortie de la salle où Dreyfus avait été enfermé, avec le capitaine d’Attel, son ami, lequel avait été de service comme appartenant à l’État-major de la place. D’Attel a dit au capitaine Anthoine que Dreyfus venait de dire devant lui :
« Pour ce-que j’ai livré, cela n’en valait pas la peine. Si on m’avait laissé faire, j’aurais eu davantage en échange. » Le capitaine Anthoine a immédiatement répété ce propos au commandant de Mitry.

Signé : P. ANTHOINE.

La déclaration ci-dessus a été entièrement écrite par le capitaine Anthoine et signée par lui.

Le Général, Sous-Chef d’État-major général,
Signé : A. GONSE.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *