Georges Batiot

Batiot, Georges, Pierre, Aimé, avocat et homme politique français, né à Talmont (Vendée) le 17 août 1845*, décédé à Talmont le 24 décembre 1929.

Avocat de 1869 à 1876, il abandonna le barreau pour un poste de conseiller de préfecture dans sa Vendée natale, poste qu’il conservera jusqu’en 1889. Battu aux élections de 1889, il devint maire de Talmont quelques mois plus tard, charge qu’il conservera sa vie durant. Élu en 1893, inscrit au groupe républicain, il perdra son siège en 1898. Lors de la séance du 4 décembre à l’Assemblée, il vota avec la majorité l’ordre du jour de Lavertujon, affirmant le « respect de la chose jugée » qui était celui de la Chambre et « s’associant à l’hommage rendu à l’armée par le ministre de la Guerre » et s’abstint sur celui de Pierre Richard et Marcel Habert qui « flétri[ssait] les meneurs de la campagne odieuse entreprise pour troubler la conscience publique ». De même, le 13 janvier, toujours en soutien au gouvernement et pour ne pas voter avec la droite, il vota contre l’ordre du jour de Mun qui demandait, après « J’Accuse… ! », au gouvernement de « prendre les mesures nécessaires pour mettre fin la campagne entreprise contre l’honneur de l’armée ». Deux derniers votes, en mai suivant, lors de la campagne pour les législatives, qui lui vaudront d’être la cible des journaux qui soutenaient son adversaire Gautret, L’Étoile de la Vendée et Le Courrier de la Vendée. Dans le premier, Batiot était ainsi présenté par Adrien-Dubé comme celui que ne préoccupait ni « l’accaparement de la fortune nationale par un syndicat de juifs cosmopolites, ni l’agitation Dreyfusienne, danger imminent pour la paix » (« L’affiche électorale de M. Batiot, 5 mai), un « franc-maçon sectaire », (« À nos amis », 8 mai). Dans le second, Henri Guichet, le présentait comme un « valet des Juifs » (« Disparaissez !… », 7 avril ; voir aussi « maîtres & Valets », 28 avril et Zag, « Franc-maçons esclaves de juifs », 8 mai), indifférent aux questions locales, « sa sympathie bien connue pour le syndicat Zola-Dreyfus ayant naguère absorbé tout ce que sa cervelle, momifiée par une douce et permanente oisiveté, pouvait contenir encore de combativité » (« Et M. Batiot ?? », 24 mars ; voir aussi « Précisez, s.v.p. », 3 avril et « La Modération. La Tolérance. La Fermeté de M. Batiot », 17 avril). À la veille du scrutin, Guichet appellera les électeurs à ne pas reculer la date « du châtiment des mandataires infidèles et félons qui, à l’instar de M. Batiot, ayant menti à tous leurs engagements envers leurs électeurs, n’ont jamais tenu parole qu’aux coquins puissants et riches du syndicat de la Trahison cosmopolite et juive, dont Reinach est la vilaine âme et Zola l’horrible prophète » (« La date du châtiment », 14 avril). « Allons, ouste, à la porte, l’incapable, le sectaire, le franc-maçon, le juif ! » écrira-t-il le 24 avril (« Repris de justice »), pour, le 8 mai, publier un « Dernier appel » « aux amis de la paix qui veulent mettre fin à l’agitation entretenue par le procès du traître Dreyfus ». Ces votes des 4 décembre 1897 et 13 janvier 1898, Gautret les rappellera en conclusion à sa profession de foi :

Me Labori, parlant du traître Dreyfus qui expie, à l’île du Diable son inexpiable forfait, de ce juif légalement et justement condamné, a osé dire : « La prochaine chambre comptera 300 députés pour voter la révision de son procès ! »Vous connaissez à la fois mon attitude au moment où l’opinion publique ne s’était pas encore prononcée, et celle de M. Batiot qui, par une abstention bien significative, a paru se désintéresser de l’abominable campagne dirigée contre l’armée ! Votre choix ne saurait être douteux. Vous connaissez les deux hommes. Vous les avez vus à l’œuvre » (Recueil Barodet 1898, p. 803).

Batiot tentera de contrer ces attaques par un « Vive la Vendée aux Vendéens » dans sa profession de foi (Birnbaum, p. 352), il sera battu sur une différence de près de 700 voix pour 14 000 électeurs.
Par la suite, de 1902 à 1925, il sera conseiller général.

Sources et bibliographie : on consultera aussi son dossier de la Légion d’honneur sous la cote : LH/135/63.

Philippe Oriol

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