Allouard, Émile, Henri, sculpteur français, né à Paris le 11 juillet 1844*, décédé à Paris le 12 août 1929.
Fils de libraire, Henri Allouard débuta au Salon de 1865. Il s’y fit remarquer en 1870 avec une œuvre intitulée Le Réveil. Ses envois furent souvent distingués : par une médaille de 3e classe en 1876 (avec Ossian), une médaille de 2e classe en 1882 (avec un Molière mourant acquis par l’État pour le foyer du théâtre de l’Odéon, Paris) et une médaille d’or à l’Exposition universelle de Paris en 1889. Il fut l’auteur de quelques pièces monumentales comme Marguerite au Sabbat (1872), Beaumarchais (1884), Souviens-toi ! (1886) ou Jeanne d’Arc (1895). On lui doit aussi de nombreux bustes, parmi lesquels un portrait de Brunetière (1894). Quelques-unes de ses œuvres accédèrent à une grande popularité grâce à des éditions en fonte diffusées par Barbedienne, Thiébaut, Susse ou Siot-Decauville.
Pendant l’affaire Dreyfus, Henri Allouard se rangea du côté des antidreyfusards. Il accorda un entretien La Patrie (7 mars 1898) :
[…] M. H.-E. Allouard, au ciseau duquel nous devons le Molière mourant qui fut acheté, en 1882, par l’État et qui orne le foyer de l’Odéon, abandonne brusquement la maquette du monument destiné à glorifier le peintre Troyon, après laquelle il travaillait lorsque nous sommes entrés : – Vous me demandez mon opinion sur les traîtres ? s’écrie le statuaire, dont le sang a empourpré le visage. Écrivez dans votre courageux journal que tous ces gens-là sont des bandits ! des lâches ! des misérables ! Des bandits ! parce qu’ils osent mettre en doute le jugement prononcé par un Conseil de guerre français. […] Des lâches ! parce que pour sauver ce misérable Dreyfus ils n’ont pas craint d’accuser un officier innocent du crime de trahison. […] Des misérables ! parce qu’ils n’ont pas craint de jeter la perturbation dans tout un pays, de brouiller les plus vieilles amitiés, de diviser la nation en deux camps… […] C’est avec de semblables moyens, qu’aussi sûrement que par le feu et les balles on perd des batailles… Pour vaincre, il faut que les soldats aient foi en leurs chefs, que tous les cœurs battent à l’unisson. J’ai fait la campagne de 1870, et je puis vous en parler en connaissance de cause… Une partie de nos revers a tenu à ce que nous n’avions plus en nos chefs la foi aveugle qui animait, il y a cent ans, les soldats de la Première République, la confiance qui fait vaincre ou mourir….
Et Henri Allouard concluait ainsi à propos de la récente condamnation de Zola :
Zola est un misérable !… […] Sa condamnation est juste. Et je vous jure que cela a été un soulagement pour moi de voir que tous les jurés étaient d’accord pour frapper d’un châtiment exemplaire celui qui a écrit « J’Accuse ! ».
En 1899, logiquement, il adhérera à la Ligue de la patrie française (1ère liste).
Henri Allouard exposa au Salon des Artistes Français – dont il fut un temps le président – jusqu’en 1928. Membre du jury de sculpture et membre du jury de l’École des Arts Décoratifs depuis 1889, il fut président du Cercle Volney, vice-président de la Société des Parisiens de Paris. Chevalier de la Légion d’honneur depuis 1889, il fut nommé officier de l’Instruction publique en 1898 et officier d’Académie en 1899.
Sources et bibliographie : son dossier de la Légion d’honneur se consulte à la cote : LH/24/74.
Bertrand Tillier