Alphonse Allais

Allais, Charles, Alphonse, écrivain français né à Honfleur (Calvados) le 20 octobre 1854*, décédé à Paris le 28 octobre 1905.

L’Affaire fut pour Alphonse Allais, l’auteur d’À se tordre, le collaborateur régulier du Journal, une autre occasion de jeux de mots et de boutades. Sur le fond, sur la révision, sur l’innocence ou la culpabilité du capitaine, il n’avait rien à dire. Dans Le Journal du 23 janvier 1898, il parlait ainsi de l’« attitude […] fort sage » qui était la sienne et qui consistait à répondre alternativement aux questions que Dreyfus était une « abominable canaille » et « la victime de la plus effroyable erreur judiciaire de ce siècle » (« La vie drôle »). L’Affaire ne resta donc pour lui qu’une occasion de faire sourire ses lecteurs. Et le 2 mars 1898, ayant vu son nom figurer dans l’« Hommage à Zola » des écrivains du Journal, hommage apocryphe publié dans Les Droits de l’Homme par les soins de Jean Ajalbert pour forcer un peu la main des « confrères », il signa un peu surprenant : « J’ai mon idée sur tout ça… mais c’est mon affaire », qu’il fit suivre d’une très amicale poignée de main à son directeur, Xau, « directeur comme j’en souhaite à beaucoup de mes confrères » (Le Journal, 3 mars 1898). Une façon de bien marquer son refus d’entrer dans le débat tout en apportant son soutien à un homme alors bien contesté pour sa hargne antidreyfusarde. Quelques mois plus tard, son Affaire Baliveau, qui deviendra L’Affaire Blaireau, publiée dans Le Journal en feuilleton, fut une nouvelle manière de marquer son dégagement. Mais c’est peut-être aussi, comme dans le soutien apporté à Xau, l’indication d’une inclinaison, discrète, du côté des adversaires de la Révision. Comme il l’avait écrit au début de 1899, l’Affaire n’était pour lui que « la détestable Affaire [qui] fit de notre pauvre France une vaste marmite à bouillon de culture pour microbes de la division » (cité in Caradec*). 
Allais fut donc un indifférent, peu dreyfusard certainement, et donc pas celui, assurément, dont le nom se trouve dans la protestation en faveur de Picquart (1ère liste) : « Alphonse Allais, 48, rue Vivienne ». L’Allais qui nous intéresse n’ayant jamais, en effet et à notre connaissance, habité à cette adresse.

Sources et bibliographie : L’Affaire Blaireau fera l’objet d’une édition en 1899 aux éditions de La Revue Blanche. Sur Allais, on lira : François Caradec, Alphonse Allais,Paris, Belfond, 1994, pp. 399-403.

Philippe Oriol

1 réflexion sur « Alphonse Allais »

  1. José Barreto

    En effet, il n’y avait rien de drôle dans l’Affaire, rien à se tordre de rire. En plus, l’Affaire divisait sa pauvre France. Dommage qu’il se considérait fort sage… La sagesse des indiférents?

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