Allais, Paul, Gustave, Pierre, universitaire français né à Paris le 23 mai 1853, décédé à Rennes le 5 mai 1923.
Normalien, chargé de cours aux lycées de La Roche-sur-Yon, Bourges, Caen puis Brest, il fut maître de conférences à la Faculté de Lettres de Clermont-Ferrand (1882) puis chargé de cours (1892) et professeur (1894) à celle de Rennes. Spécialiste des XVIe et XVIIe siècles, mais aussi de Lamartine et d’Hugo, il adhéra à la Ligue de la patrie française (1ère liste) dont il démissionna le 19 février 1899, expliquant qu’il ne pouvait accepter l’alliance « des représentants autorisés de la Ligue de la Patrie française » avec « des personnes dont je blâme, quant à moi, les paroles et les actes ». Lemaitre ayant dans L’Écho de Paris déclaré que la Ligue ne voulait pas de Loubet, « candidat des “panamistes” et des “dreyfusistes” » (« Déclaration », L’Écho de Paris, 19 février) et, après son élection, qu’il « espér[ait]… je ne saurais encore dire quoi » mais qu’écrivant cela il entendait « sous les fenêtres du journal, un grand tumulte indigné et généreux qui me donne quelque courage » (« L’humiliation », L’Écho de Paris, 20 février), Allais préféra se retirer :
J’étais loin d’approuver, expliquait-il, les appréciations des chefs de la ligue, relativement à l’enquête Mazeau et à la loi de dessaisissement, mais j’avais résolu de laisser de côté mes opinions personnelles, tant qu’il ne s’agirait que de faits peu graves.
Le numéro d’aujourd’hui, portant la date du 20, contient d’autres paroles d’une portée très grave, auxquelles je ne puis acquiescer. Il y est question aussi d’incidents fort regrettables qui ont troublé Paris hier soir, 18 février, et auxquels est mêlée la Ligue de la Patrie française. Ces incidents attestent l’alliance, manifestée publiquement, entre notre président d’honneur et celui d’une autre ligue [la Ligue antisémitique] avec laquelle la Ligue de la Patrie française ne devait, selon moi, n’avoir rien de commun.
J’avais espéré que la ligue se mettrait au-dessus des luttes de partis et resterait en dehors de toute politique militante. Puisqu’il en est autrement, et que la ligue s’engage dans un sens où mes opinions politiques m’interdisent absolument de la suivre, je vous prie, messieurs, d’accepter ma démission.
J’avais accueilli avec enthousiasme la généreuse entreprise d’une association fondée sur l’idée de Patrie. Je reste persuadé que la chose serait possible, mais j’ai la tristesse de constater qu’elle ne l’est pas encore dans nos temps troublés. En me séparant de vous, j’ai le regret de quitter bien des amis que j’estime et que l’aime ; je resterai ce que j’ai toujours été, un Français dévoué à son pays, et je tâcherai de travailler pour ma modeste part à faire honorer le beau nom de France. (« La Ligue de la patrie française », Le Temps, 23 février).
Philippe Oriol