Général Alfred Darras

Darras, Paul, Édouard, Alfred, militaire français, né à Dijon (Côte d’Or) le 27 janvier 1834*, décédé à Paris le 21 juin 1903*.

Saint-Cyrien (1855), fantassin lieutenant breveté d’État-major en 1859, capitaine en 1863, chef d’escadron en 1875, lieutenant-colonel en 1881, colonel en 1886, Darras était général de Brigade depuis 1890.
C’est lui, par le tour régulier de service, qui fut désigné pour présider la dégradation de Dreyfus, le 5 janvier. En février 1898, « Un témoin du 6 [sic] janvier » affirmera dans Le Siècle, qu’il était depuis l’affreuse cérémonie, persuadé de l’innocence de Dreyfus et ne s’en cachait pas (« À MM. Marinoni et Jean Dupuy »). Une affirmation qui ne sera pas démentie. En revanche, quand il sera à nouveau mis en cause en novembre suivant par le dreyfusard La Volonté, qui affirmait qu’il avait dit au capitaine Bourguignon qui lui avait fait part de l’intention de Dreyfus de crier son innocence : « Que voulez vous que j’y fasse ? Je ne puis pourtant pas étouffer sa voir sous un roulement de tambour, comme Santerre » puis, le lendemain, qu’il aurait confié à un médecin venu le visiter, qu’on venait de « dégrader un innocent » (« Un accès de fièvre », 4 novembre), il envoya la lettre suivante que reproduisit la presse :

[…] La religion du rédacteur de l’article a été complètement surprise.
En premier lieu, au cours de la parade d’exécution du 5 janvier 1895, je n’ai prononcé d’autres paroles que celles strictement prescrites par le décret du 4 octobre 1891.
En second lieu, ni le jour de l’exécution, ni les jours suivants, je n’ai été atteint d’aucune indisposition ; je n’ai appelé aucun médecin, et je n’ai jamais tenu le propos qui m’est attribué. J’ajouterai enfin que je connais aucun [sic] des médecins des hôpitaux de Paris et que si des soins m’eussent été nécessaires, j’aurais eu recours à un médecin militaire de l’un des régiments placés sous mes ordres. (« Dreyfus », Le réveil de la Haute-Saône, 27 novembre).

Quelques jours plus tard, ce fut au tour de L’Aurore d’affirmer que le général de Galliffet, au cours de sa déposition devant la Cour de cassation, avait repris les paroles attribuées à Darras (« La révision », 7 décembre). Galliffet démentit à son tour (« La révision », L’Aurore, 10 décembre), écrivit à Darras une lettre qu’il fit publier dans Le Journal des Débats (« Dernière heure. L’affaire Dreyfus », 10 décembre) puis Darras envoya une nouvelle lettre pour démentir, affirmant qu’en « aucune circonstance je n’ai tenu le langage qui m’a ainsi été prêté » (« La révision », L’Aurore, 10 décembre). Quelques jours plus tard, il sera entendu par la cour de cassation et renouvèlera son démenti.
En mai 1895, Darras, avait été nommé général de division et sera admis à la retraite en 1899. En septembre 1898, après la démission de Zurlinden, il avait été pressenti pour prendre le portefeuille de la Guerre mais avait décliné l’offre.

Sources et bibliographie : on trouvera son dossier militaire sous la cote

Sources et bibliographie : on consultera son dossier militaire au SHD sous la cote 9 Yd 218 et son dossier de la Légion d’honneur sous la cote : LH/663/28. Sa déposition devant la Cour de cassation se trouve dans Cassation I. II, tome 1, p. 278. On trouvera aussi, aux AN sous la cote BB19 108 un petit dossier au sujet de cette polémique.

Philippe Oriol

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