Aristide Bruant

Bruant, Aristide (Louis, Armand, Aristide Bruand dit), chansonnier, cabaretier et éditeur français, né à Courtenay (Loiret) le 6 mai 1851*, décédé à Paris11 février 1925*.

Issu d’un milieu aisé, Aristide Bruand suivit ses études au lycée de Sens, qu’il quitta après divers revers de fortune de sa famille. Il vint alors à Paris pour travailler chez un avoué. À dix-sept ans il apprit le métier d’ouvrier-joaillier rue Vieille-du-Temple. Lorsque la guerre éclata, il décida de retourner dans le Loiret et s’engagea comme franc-tireur. Dès la défaite, il revint à Paris mais le travail étant rare dans la capitale, il végéta quelques temps, puis reprit son ancien métier chez différents artisans joailliers avant d’entrer à la Compagnie des Chemins de fer du Nord en 1875. C’est à cette époque qu’il commença à écrire des chansons de café-concert qu’il se mit peu à peu à interpréter lui-même. Pour ce faire, il prit le nom d’Aristide Bruant et se produisit avec un certain succès sur les scènes de La Scala, du XIXe Siècle, de L’Époque, de L’Horloge, des Folies Saint-Martin… En habile gestionnaire, Bruant édita lui-même, dès le début de sa carrière, ses petits formats. Il monta vers 1883 à Montmartre pour se produire au cabaret du Chat noir de Rodolphe Salis, situé 84 boulevard Rochechouart. Il y resta jusqu’en 1885, date du déménagement du cabaret pour la rue de Laval. Bruant reprit la petite salle du boulevard Rochechouard et fonda son propre cabaret Le Mirliton. C’est dans cet endroit qu’il créa le personnage du Bruant « grande gueule », qu’il inventa son costume immortalisé par les affiches de Toulouse-Lautrec, et qu’il commença à écrire des chansons de barrières et de marlous qui firent sa réputation. Parallèlement au cabaret Le Mirliton, il fonda un journal du même nom, où furent publiées nombre de ses chansons.

 

Antisémite notoire, Bruant fonda une seconde publication, La Lanterne de Bruant, dans laquelle il pu déverser sa bile contre les juifs, dans des chansons aux textes on ne peut plus explicites : « Les Youtres », « Le Pendu récalcitrant », « Youpinerie », ou plus directement contre Dreyfus dans « Pour le Drapeau » : « Qu’on les fusille, les Judas, / Les bandits, les félons, les traîtres / Qui vendent le sol des ancêtres / Et le sang des petits soldats ; / Qu’on les fusille et qu’on le crie / À tous ceux qui donnent leur peau / Pour la défense du Drapeau, / Et pour l’honneur de la Patrie ».

Pendant l’Affaire, Émile Zola ne fut bien sûr pas épargné avec : « L’Auto-Moblot », « La Médaille militaire », « Lettre à Émile Zola », « Interview »…

 

Le 8 mai 1898, Aristide Bruant, soutenu par François Coppée, se présenta aux élections législatives dans le quartier Belleville-Saint-Fargeau en tant que candidat « de protestation, nettement républicaine, socialiste et patriote ». « Tous les ennemis de la féodalité capitaliste », déclarait-il, « et de la juiverie cosmopolite, véritable Syndicat de Trahison organisé contre la France, voteront pour le poète humanitaire, pour le glorieux chantre de Belleville »… Il ne réunira que 504 voix.

Auteur prolixe, il signa une quinzaine de romans (Fleur de pavé, La Loupiote, Aux Bat’d’Af’, Le Bagne des gosses, Nini Casque d’or…), pour lesquels il tint rarement la plume. Travaillaient à son service, quelques nègres : Michel Morphy, Arthur Bernède… pour l’écriture d’une monumentale « saga » (2400 pages) intitulée Les Bas fonds de Paris ; Léon de Bercy pour son dictionnaire, L’argot au xxe siècle. Comment ne pas penser alors, qu’il se fit également « aider » (par Jules Jouy ?) pour l’écriture de ses chansons et monologues réunis en quatre volumes : Dans la rue et Sur la route (volumes illustrés par Steinlen, Borgex et Poulbot).
Il fit jouer six pièces de théâtre dont Les Types de Bruant, tableau populaire en un acte, en 1902, au Concert de l’Époque (que Bruant racheta, tout comme Le Lapin Agile de Montmartre). Il vendit le cabaret et le journal Le Mirliton, ainsi que sa maison d’édition (à Salabert), et se retira alors dans son château de Naintré où il vécut en bon bourgeois.
Contre de conséquents cachets, il se produisit encore aux Ambassadeurs, à L’Eldorado et réapparut sur la scène du Théâtre de L’Empire en fin d’année 1924. Ce fut sa dernière prestation ; Bruant mourut quelques semaines plus tard d’une angine de poitrine, le 13 février 1925 à Courtenay.

Patrick Biau

BNF Gallica

Wikipedia

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *