Bebel, August, artisan et homme politique allemand, né à Deutz le 22 février 1840, décédé à Coire (Suisse) le 13 août 1913.
Il n’est pas nécessaire de présenter ici le célèbre dirigeant du SPD. Celui qui définissait, reprenant les mots de Ferdinand Kronawetter, l’antisémitisme comme « le socialisme des imbéciles » soutint, contre son ami Liebknecht, l’attitude des socialistes français dans l’affaire Dreyfus. Dans La Petite République du 17 août 1899, fut publiée une lettre de lui dans laquelle il disait se réjouir « sincèrement » de l’attitude des socialistes dans l’Affaire et qu’ils avaient avec eux « la majorité écrasante du parti socialiste en Allemagne ». Interrogé, par la même Petite République, avec toutes les grandes figures internationales du socialisme, sur les questions de l’intervention du prolétariat « dans les conflits des diverses fractions bourgeoises » et de la participation des socialistes « au pouvoir bourgeois », il répondit :
à partir du moment où l’on avait acquis la certitude que Dreyfus avait été condamné injustement, tout socialiste, rien qu’en se plaçant à un point de vue simplement humain, devait intervenir en faveur de la révision du procès. Mais lorsque, par l’enchaînement des circonstances les plus diverses, le procès Dreyfus devint un événement de premier ordre, derrière lequel de grands et puissants partis abritaient leurs projets dirigés contre le peuple et ne tendant à rien moins qu’au renversement de la Constitution républicaine, alors ce fut un devoir pour le parti socialiste d’intervenir en tant que parti en faveur de Dreyfus, avec tous les moyens et toutes les forces dont il disposait. C’est malgré Dreyfus que sa cause est devenue la cause de la justice et de la liberté du citoyen.
Je ne cache pas que l’immense majorité des camarades allemands n’a pas pu comprendre, et ne comprend pas encore, comment dans l’affaire Dreyfus le parti socialiste français ait pu se diviser.
En supposant que le cas Dreyfus avec toutes ses conséquences, au lieu de se produire en France, se fût produit en Allemagne, il n\r a pas de doute qu’en faveur de Dreyfus l’ensemble de la démocratie socialiste allemande serait intervenue unanimement, avec à sa tête Liebknecht » (16 septembre).
Sources et bibliographie : la consultation internationale de La Petit République a été reprise en volume dans L’Affaire Dreyfus et le cas Millerand, consultation ouverte dans La Petite République, Cahiers de la quinzaine, I-5/6/8/11, 1899. Les textes de Bebel se trouvent dans le premier volume aux pages 10 et 16-24.
Philippe Oriol