Bazire, Henri, Marie, Joseph, avocat français, né à Fontenay-le-Comte (Vendée) le 9 novembre 1873*, décédé à Marigny (Allier) le 24 juillet 1919.
Ancien capitaine devenu avocat à la Cour d’appel de Paris, cousin de Paul-Boncour, il était membre la Conférence Molé-Tocqueville où il prit part, en février 1898, aux discussions sur l’Affaire. Modéré, il se contenta de signaler qu’une révision n’était possible qu’en passant par les voies légales et que si les partisans de Dreyfus étaient convaincus de l’innocence du condamné, il auraient dû, plutôt que de « lentement, cauteleusement, min[er] l’opinion publique », plutôt que de la « surexcit[er] en dosant savamment les révélations, les infamies, les démentis », « exposer loyalement, d’un seul coup, leurs preuves ou leurs raisons de douter ». Mais le pouvaient-ils, eux qui n’avaient à leur disposition que des « fac-dissimilés », une version tronquée de l’acte d’accusation de 1894, la parole de Picquart, seule contre celles de dizaines d’autres militaires, et la conviction que rien ne prouvait qu’une illégalité avait été commise en 1894. Leur campagne, sur cette base, ne pouvait être qu’une « campagne antipatriotique » et Bazire émettait le vœu que, ayant touché à l’armée, « l’épée du pays », « cette épée ne sorte pas davantage du fourreau et ne fasse que briser les dents, couper les lèvres de ceux qui auront essayé de la ternir (p. 104-106).
Président de l’Association catholique de la Jeunesse française depuis fin avril 1899, il avait adhéré à la Ligue de la patrie française (1ère liste) et sera un des avocats des Assomptionnistes à leur procès et celui du capitaine François au procès Dautriche.
Par la suite, membre du comité de direction de La Libre Parole (dont il sera rédacteur en chef à partir de 1910 après avoir écrit pour Le Peuple Français, L’Univers et La Croix), et du comité directeur de l’Action libérale populaire, il échoua de peu à la députation en 1914 et mourut en 1919 des effets des gaz reçus au front.
Sources et bibliographie : les références de pages renvoient à l’Annuaire de la conférence pour 1898, Paris, Au siège de la Conférence, [1898]. On trouvera sa plaidoirie au procès des Assomptionnistes dans La Revue des grands procès contemporains, n° 6, juin 1900, p. 359-372. On pourra consulter son dossier de la Légion d’honneur à la cote : LH/151/70.
Philippe Oriol