Barboux, Henri (Henry à l’état-civil), Martin, avocat français, né à Châteauroux (Indre) le 24 septembre 1834*, décédé à Paris le 25 avril 1910.
Grande figure du barreau, avocat de Sarah Bernhardt et de Ferdinand de Lesseps, il présida l’Union libérale républicaine et collaborait à la Revue politique et parlementaire. « Heureux d’une occasion d’élever la voix dans cette grande lutte, de dire très haut son horreur de cette barbarie renaissante : l’antisémitisme », il avait proposé à Joseph Reinach de le défendre dans son procès de février 1898 contre son diffamateur Rochefort à propos du « faux Otto ». Toutefois, sollicité pour défendre Zola, il refusa, effrayé par son « acte romantique et révolutionnaire » (Reinach, I, p. 878-879). C’est à lui que François Auffray, qui était son secrétaire, donna la lettre que lui avait envoyée par erreur Du Paty pour organiser « la claque » au procès Zola. Barboux conseilla à Auffray de la communiquer au ministre de la Justice qui en prit copie. Jules Auffray, à qui la lettre avait été restituée par la suite, porta plainte et Barboux fut appelé devant le conseil de l’Ordre dont il démissionna. L’affaire traîna et le conseil décida qu’aucune suite ne devait être donnée à cet incident (Scheurer, p. 272-273).
En juin 1899, il cosigna la circulaire du comité de l’Union libérale républicaine, publiée dans le Journal des Débats du 5 juin 1899, qui expliquait les raisons de la tenue à l’écart de l’association (par respect de la distance que la politique devait garder à l’égard de la justice et de son action et « par un profond sentiment de respect envers les magistrats qui cherchaient laborieusement la vérité »), condamnait avec « force la campagne d’intolérance dont l’affaire Dreyfus a été le prétexte » et prêchait l’apaisement et le retour à la paix sociale. Dreyfusard, il demeura discret mais écrivit à Labori, après l’attentat dont il fut victime à Rennes, formulant des vœux pour le prompt rétablissement de son collègue et pour que ce sang versé « retomb[e] sur la tête » de ceux qui pouvaient s’en réjouir « en secret » : « Les misérables ont déjà tenté d’élever un faussaire à la dignité de martyre, ils pourront maintenant essayer de canoniser un assassin (Labori, p. 121-122). En 1907, il sera élu à l’Académie française.
Sources et bibliographie : à son sujet, on pourra lire le Henri Barboux de Raymond Poincaré (Nancy, Berger-Levrault, 1911) et l’article de Gilles Le Beguec, « Le Bâtonnier Barboux (1834-1910) », in Barreau, Politique Et Culture à La Belle Époque, Limoges, PULIM, p. 5-27. On trouvera à la BNF, à la cote n.a.fr. 28046 (10), f. 34 une lettre de Barboux à Labori sans grand intérêt.
Philippe Oriol