Armory

Armory (Charles, Lionel, Alexandre, Remy Dauriac, dit), romancier, auteur dramatique et journaliste français, né à Brest (Finistère) le 1er juillet 1877*, décédé à Paris le 17 octobre 1946*.

Charles Dauriac, qui avait songé un temps à devenir peintre et s’était finalement lancé en littérature avec un essai publié chez Vanier, Les Orgues de Fribourg (1898, sous le nom de Lionel-Carle Dauriac ; il sera à partir de 1899 Armory Kerkaradec puis Armory), s’engagea tout jeune dans l’Affaire et sans doute à la suite de son père, ardent dreyfusard. C’est même adolescent, en 1895 ou 1896, ainsi qu’il le racontera dans ses souvenirs, qu’il prit pour la première fois position s’opposant au commandant Henry, lors d’un repas en commun pris dans un hôtel de Bretagne, en ne pouvant se satisfaire des « preuves » avancées par l’officier. Mais son véritable engagement date de la fin de 1897. Signataire de la première protestation de janvier 1898 (4e liste), lié aux fils de Gabriel Monod, il mena l’agitation en Sorbonne contre les étudiants antidreyfusards et prit part à la plupart des manifestations de rues pour acclamer Picquart, comme il avait soutenu Zola à son procès (il était très fier, comme en témoignent ses mémoires, d’une lettre de félicitations que lui avait envoyée Zola à cette occasion), etc. Il collabora aussi occasionnellement aux Droits de l’Homme.
Au tournant du siècle, il intégra l’« atelier » de Willy et, sous son pseudonyme, se consacrera à une littérature qu’il voulait plutôt gaie tout en continuant de collaborer à divers journaux (dont Comœdia dont il sera chef des échos). Il se désintéressera alors de l’Affaire, estimant, après Rennes et la grâce, ainsi qu’il l’écrira dans ses mémoires, « qu’il nous manquait quelque chose ».   Pendant l’Occupation, il écrira dans les collaborationnistes Paris-Midi, L’Atelier, etc. C’est à ce moment qu’il publia ses mémoires, dans lesquelles il revenait sur son engagement : « […] notre mouvement généreux fit de nous des apprentis sorciers ! Pour sauver un homme, dont le cas était plus intéressant que la personne, nous avons, par suite déductive, amené la perte plus tard de millions d’autres. Notre action ouvrit l’écluse au grand torrent, aux appétits de conquêtes, à la spéculation éhontée, au sac du pays pour le plus grand profit d’Israël et de ses servants. Nous mesurons aujourd’hui ce qu’il nous en a coûté ».

Sources et bibliographie : ses mémoires ont paru sous le titre : 50 ans de vie parisienne, Paris, Jean-Renard, 1943, pp. 61-65. Il faudrait consulter (ce que nous n’avons pu encore faire) son fonds à la Médiathèque d’Ussel dans lequel se trouve sa correspondance passive et ses journaux intimes.

Philippe Oriol

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