Lucien Anspach

Anspach, Lucien, ingénieur et enseignant belge, né à Bruxelles le 9 juillet 1857, décédé à Bruxelles en 1915.

Lucien Anspach, fils du vice-gouverneur puis gouverneur de la Banque Nationale de 1888 à sa mort en 1890, neveu d’un bourgmestre de Bruxelles, ingénieur, professeur de mécanique à l’Université libre de Bruxelles et membre de son Conseil d’administration, figure du protestantisme belge, dirigeant de la Ligue de propagande philosophique anticléricale et du Comité de propagande contre l’antisémitisme – que Bernard Lazare et le Comité de défense contre l’antisémitisme aidèrent financièrement –, fit en Belgique un certain nombre de conférences pour démontrer au public l’innocence de Dreyfus. Violemment attaqué à ce propos par Raphaël Viau dans La Libre Parole  (7 mai 1898), Anspach envoya ses témoins et les deux hommes se rencontrèrent à l’épée de combat le 18 mai en un duel au cours duquel Viau fut blessé.
Le 4 août suivant, après la lecture des Lettres d’un innocent, il écrivit à Lucie Dreyfus pour lui faire part de sa « profonde émotion » et toute l’admiration qu’il éprouvait pour « l’héroïsme vraiment surhumain de cet homme qui, au milieu des plus épouvantables tortures, ne songe qu’à sa patrie et à l’honneur de son nom » et  qui , comme un « autre israélite » avait  pardonné à ses bourreaux, trouvait « des paroles indulgentes pour ces misérables qui n’ont pas rougi de venir insulter à son malheur ». Il avait d’ailleurs écrit à Salomon Reinach, Trarieux et Guyot pour leur proposer d’en faire une édition à bas prix pour en propager la lecture.
Le 17 septembre suivant, devant l’imminence de la révision, Anspach écrivit à nouveau à Lucie pour la féliciter et lui demander de lui accorder l’honneur d’être parmi les premiers à saluer son mari quand il reviendrait. Le 13 août 1899, il lui écrivit une nouvelle fois pour lui demander de féliciter son mari après l’échange, à Rennes, qu’il avait eu avec Mercier et la manière dont il avait écrasé son « misérable accusateur ». Le 12 septembre, après le verdict de Rennes, il lui écrivit à nouveau pour lui dire l’indignation qui était la sienne « à la suite du crime monstrueux que vient commettre le conseil de guerre de Rennes » et encore, le 22, pour se réjouir de la grâce et l’engager à agir pour défendre Hilsner, condamné à mort en Autriche suite à une accusation de crime rituel.  
Par la suite, Anspach publia, au début de 1899, un volume intitulé : Le Péril clérical et l’affaire Dreyfus. Il y appelait, « au lieu de nous dépenser en stériles efforts pour élaborer de beaux programmes que jamais nous ne réaliserons », à se concentrer sur ce seul point : « lutter, lutter toujours et partout contre l’influence cléricale, évoquer, nous aussi, le spectre de cette Saint-Barthélemy que les admirateurs du faussaire Henry appellent de tous leurs vœux, exciter et ranimer tous les courages, en vue du bon combat dont dépend le salut de l’humanité : le combat contre le péril clérical » (p. 91). À la toute fin de 1899, il publia aussi, chez le même éditeur, des Questions brûlantes qu’il avait données précédemment à La Revue de Belgique et dans lesquelles il s’élevait contre l’amnistie, « victoire » du cléricalisme et des bourreaux de Dreyfus : « Oui, un innocent a été délivré ; mais, désormais, il n’y aura plus rien à espérer pour les innocents comme lui, car leurs persécuteurs, si grands que soient leurs crimes, seront assurés de l’impunité » (p. 11). En 1901, il publia une étude intitulée : Quelques rapprochements historiques, texte d’une conférence dans lequel, rappelant longuement l’Affaire, il étudiait les « crimes de faux et d’usage de faux » dans lesquels, au cours de son histoire, s’était illustrée l’Église ; puis, dans le cadre du Comité Marnix dont il était trésorier, il participa à la brochure intitulée Contre intolérance et, en celui du Comité de propagande contre l’antisémitisme, à Contre l’antisémitisme, deux études dans lesquelles il revenait sur l’Affaire. Il semble qu’il fit aussi en Belgique quelques autres conférences sur l’Affaire (comme celle du 10 mai 1898 que mentionne Desachy dans son édition de 1905 du Répertoire de l’affaire Dreyfus, p. 173).

Sources et bibliographie : Le Péril clérical et l’affaire Dreyfus, Bruxelles, Weissenbruch, 1899 ; Questions brûlantes, Bruxelles, Weissenbruch, 1899 ; Quelques rapprochements historiques, Tournai, Imprimerie Delcourt-Vasseur, 1901 ; Contre l’intolérance, Bruxelles, Imprimerie G. Fischlin 1901 ; Contre l’antisémitisme, Bruxelles, Imprimerie G. Fischlin 1901. Seul le premier est connu de Desachy. Ses lettres à Lucie Dreyfus, ainsi qu’une lettre au capitaine pour le remercier de l’envoi de Cinq années de ma vie sont conservées au Musée de Bretagne. Notons qu’un télégramme de félicitations d’Anspach à Lucie après l’arrêt de la Cour de cassation est conservée au MahJ.

Philippe Oriol

2 réflexions sur « Lucien Anspach »

  1. Emile Pequet

    Bonjour,

    Emile, Lucien, François ANSPACH n’est pas le fils mais le neveu de Jules Victor ANSPACH qui fut bourgmestre de Bruxelles.
    Le père d’ Emile Lucien était le frère de Jules Victor : Eugène Guillaume qui fut vice-gouverneur et gouverneur de la Banque Nationale de 1888 jusqu’à sa mort survenue en 1890.

    Source : NOUVELLE BIOGRAPHIE NATIONALE, T. 5, ACADÉMIE ROYALE des sciences, des lettres et des beaux-arts DE BELGIQUE, 1999.

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