Albert-Poulain

Albert-Poulain (Albert, Gaëtan Poulain dit), ouvrier mécanicien et homme politique français, né à Angers (Maine-et-Loire) le 18 juin 1866*, décédé à Pornic (Loire-Inférieure) le 19 mars 1916.

Ouvrier mécanicien, lié à Jean-Baptiste Clément, il fut secrétaire général de la Fédération nationale des ouvriers métallurgistes de France. Membre du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire puis, peu après sa création par les exclus du P.O.S.R., de l’Alliance communiste révolutionnaire, collaborateur de L’Émancipation, rédacteur en chef du Socialiste ardennais (hors d’usage que nous n’avons pu consulter à la BNF et dans lequel il écrivit sans aucun doute sur l’Affaire), franc-maçon (Dictionnaire des FM, p. 65), il se présenta en 1898 dans les Ardennes et fut élu. Dans sa profession de foi, rappelant qu’il avait été traduit en cours d’assises pour avoir pris avec vigueur la défense d’un soldat qui avait été frappé par un sous-officier, il avait tenu à dire que « loin d’avoir touché à l’armée, il l’avait défendue, en signalant les actes coupables de quelques individus » (Recueil Barodet 1898, p. 56).
Bien que membre du groupe Socialiste, Albert-Poulain se trouvait quelque peu en marge. Réformiste, éloigné de l’action révolutionnaire à laquelle il préférait l’action électorale, partisan de l’entente avec les républicains démocrates, il tint pourtant la ligne socialiste. Il fut, ainsi, le 7 juillet 1898, un des 21 abstentionnistes lors du vote de l’affichage du discours de Cavaignac. Après avoir voté contre la loi de dessaisissement, voté la condamnation des incidents d’Auteuil et l’affichage de l’arrêt de la Cour de cassation proclamant la révision (ordre du jour Sembat), Albert-Poulain, avec trente-six autres députés, signa, le 5 juin 1899, une lettre, présentée par Viviani, demandant de nommer une commission chargée « d’examiner s’il y a lieu de mettre en accusation, pour crime commis dans l’exercice de ses fonctions, M. le général Mercier, ancien ministre de la Guerre » (Journal officiel, Débats parlementaires, Chambre des députés, 6 juin 1899, p. 1577). Quelques jours plus tard, il fut de ceux qui tinrent à marquer leur désaccord avec la présence de Galliffet dans le nouveau gouvernement de Défense républicaine où siégeait aussi le socialiste Millerand. Il signa ainsi avec quelques autres un manifeste qui affirmait leur retrait du groupe socialiste et la formation d’un nouveau groupe « socialiste-révolutionnaire ».
Après Rennes, il vota contre l’ordre du jour Chapuis invitant l’Assemblée « à s’opposer énergiquement à la reprise de l’affaire Dreyfus » et vota l’amnistie tout en repoussant l’amendement Vazeille  qui tentait de la contrer. Le 7 avril 1903, après la relance de l’Affaire par Jaurès et l’enquête annoncée par André, il vota, rallié au « ministérialisme », sur l’ordre du jour Chapuis, pour la confiance au gouvernement et contre la seconde partie demandant à « ne pas laisser sortir l’affaire du domaine judiciaire », et par la suite, après sa réélection de 1906, pour la réintégration de Dreyfus et de Picquart, pour l’ordre du jour de Pressensé demandant des sanctions disciplinaires à l’égard des « officiers dont la procédure de révision a révélé les manœuvres criminelles ou frauduleuses postérieures à l’amnistie de 1899 » – action qu’il définissait comme un « acte de propreté » (Journal officiel. Débats parlementaires, 13 juillet 1906, p. 2365) –, celui de Réveillaud « rendant hommage aux artisans de la révision » et pour le projet de loi relatif au transfert des cendres de Zola au Panthéon (proposition de loi Breton dont il fut cosignataire). De même, en 1908, il vota la condamnation de la campagne d’insultes entreprise par L’Autorité et L’Action française (ordre du jour Dalimier).
Il conservera son siège jusqu’à sa mort en 1916 après, s’être engagé en 1914 et avoir, ainsi que le disent ses nécrologies, « accompli maintes missions périlleuses ».

Philippe Oriol

Assemblée nationale

4 réflexions sur « Albert-Poulain »

  1. Dominique Waquet

    Bonjour,
    Je recherche le député Poulain, conducteur du gouverneur militaire du Havre en 1914. La notice wikipedia indique qu’Albert-Poulain s’engage en 1914 malgré son age. Sait-on dans quelle unité ? A-t-on connaissance de la ville où il a été recensé à 20 ans . Après consultation des R.M., ce n’est pas Angers sa ville de naissance.
    Merci beaucoup.
    Bien cordialement

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    1. ph.oriol Auteur de l’article

      Merci de votre message (que je ne découvre qu’aujourd’hui…. désolé). Si, cher monsieur, Albert-Poulain est bien né à Angers. L’astérisque après les dates de naissance indique que les informations ont été vérifiées à l’état-civil. Vous pourrez trouver l’acte en suivant ce lien et en allant au folio 44, en haut à gauche : https://recherche-archives.maine-et-loire.fr/v2/ad49/visualiseur/registre.html?id=490002411
      Et voici tout ce que j’ai pu retrouver en ligne au sujet de ses états de service militaires : https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/client/mdh/base_morts_pour_la_france_premiere_guerre/detail_fiche.php?ref=1427739
      Pour en savoir plus il faudrait aller au SHD.
      Bien cordialement
      po

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