Arnous, Marie, Gustave, Louis, Eugène, propriétaire et homme politique français, né à Toulouse (Haute-Garonne) le 30 juin 1846*, décédé à Paris le 11 septembre 1901.
Auditeur au Conseil d’État, conseiller général du canton de Barbezieux en 1884, député de la Charente en 1885, secrétaire de la Chambre en 1886-1887, secrétaire de l’Union des Droites puis rallié, Arnous conservera son siège jusqu’à sa mort, en 1901. Le 10 janvier 1895, quelques jours après la dégradation de Dreyfus, il fut des 158 députés qui votèrent la demande d’urgence, rejetée par la Chambre, en faveur de la proposition de loi antisémite de Pontbriand visant à interdire à ceux qui n’étaient pas Français ou nés de parents naturalisés Français depuis trois générations d’être admis dans l’administration, l’armée ou la marine ou à faire partie d’une assemblée élective (Journal officiel, Débats parlementaires, Chambre des députés, 11 janvier 1895, p. 16). Absent par congé le 4 décembre 1897, il put se rattraper lors de la séance du 13 janvier 1898, où il vota la confiance au gouvernement et l’ordre du jour de Mun demandant après « J’Accuse… ! » au gouvernement de « prendre les mesures nécessaires pour mettre fin la campagne entreprise contre l’honneur de l’armée ». Ce vote était en effet pour le conservateur qu’il était, une évidence. Il l’expliquera, lyrique, dans sa profession de foi à l’occasion des élections de mai suivant, profession de foi dans laquelle il appelait ses électeurs à se réunir
pour créer dans notre pays ce grand, cet unique parti des honnêtes gens, contre lequel viendra se briser, impuissante, la coalition des ennemis de la Patrie. Ils ont, jusque chez nous – vous le savez – à leur service et à leur solde – la bande des cosmopolites, panamistes et dreyfusards, qui, une première fois, il y a cinq ans, ont tenté de ruiner, de discréditer la France, et qui viennent tout récemment d’oser attenter à sa gloire et à son honneur militaires ! Je suis fils et petit-fils de soldats, messieurs ! fils d’un général d’artillerie qui a longuement servi et passionnément aimé sa patrie ! J’ai bondi avec vous en voyant les officiers de notre état-major, l’élite de notre armée, cités par un Zola, comme de vulgaires criminels, à la barre d’un tribunal français. La salle d’audience tout entière a frissonné de colère, de douleur et de honte, en entendant la voix de ces chefs d’armée, de ces braves, que la mort à tant de fois laissés indifférents ou impassibles sur nos champs de bataille, trembler, oui, « trembler » d’indignation et de souffrance, sous la boue dont on essayait de les couvrir ! Tous les cœurs français ont vibré à l’unisson du leur, dans ces jours d’angoisse, et la France entière a fait écho aux acclamations enthousiastes dont venait de retentir le Palais de Justice de Paris ! À ces audiences mémorables, désormais historiques, quelques hommes seuls, sont restés silencieux et en dehors de cette grandiose manifestation patriotique. Vous les connaissez, messieurs, et vous les jugerez au scrutin du 8 mai » (Recueil Barodet 1898, p. 134).
Par la suite, Arnous vota dans ce même sens : l’affichage du discours de Cavaignac, la loi de dessaisissement, s’abstint sur la condamnation des incidents d’Auteuil, vota contre l’affichage de l’arrêt de la Cour de cassation (ordre du jour Sembat), et, après Rennes, l’ordre du jour Chapuis qui demandait au gouvernement de « s’opposer à la reprise de l’affaire Dreyfus de quelque côté qu’elle vienne » et s’abstint sur l’amnistie en votant une partie de l’amendement Vazeille. Arnous fut un véritable antidreyfusard, bien peu modéré, qui, s’il ne versa guère dans l’antisémitisme, fut un allié fidèle des nationalistes.
Sources et bibliographie : on pourra consulter, aux Archives de la Préfecture de Police, sous la cote Ba 906, son bien maigre dossier.
Philippe Oriol