Audra, Antoine, Eugène, pasteur français, né à Ponet (Drôme) le 10 décembre 1829*, décédé à Angers (Maine-et-Loire) le 1er août 1907.
Né dans une famille huguenote de la Drôme, Eugène Audra fit ses études à la Faculté de théologie protestante de Genève. En 1855, il devint pasteur de Saint-Jean-de-Bruel, dans l’Aveyron. Il fut appelé par le conseil presbitoral de l’Église réformée d’Angers en 1874. Il se consacra autant à son ministère qu’aux œuvres sociales et d’éducation. Il fut pendant quinze ans, administrateur des hospices d’Angers. En 1877, il devint président du Cercle angevin, de la Ligue de l’enseignement, fonction qu’il n’abandonna qu’en mars 1907. Eugène Audra fut l’inspirateur de nombreuses œuvres sociales, colonies de vacances, assistance aux prisonniers libérés, etc. « Il n’est guère de mouvements intellectuels et sociaux auxquels il n’ait participé » (Le Patriote de l’Ouest, 2 août 1907). Militant infatigable des idées démocratiques, il sillonna le Maine-et-Loire et les départements halogènes pour y donner des conférences en faveur « de la tolérance et de l’esprit de liberté » (Le Patriote de l’Ouest, 4 août).
En mars 1898, sa compagne, Marie Audra, participe avec seize autres angevines, à l’appel des femmes de France lancée en faveur de Lucie Dreyfus (Journal de Maine-et-Loire, 12 mars 1898). Prônant la tolérance religieuse, Eugène Audra inspira la presse radicale angevine, dans son combat contre l’antisémitisme de certains journaux réactionnaires et républicains. Il compta parmi les premiers dreyfusards angevins, même s’il ne s’exprima pas publiquement sur le sujet. Il s’imposa pendant toute la durée de l’Affaire une grande réserve, par crainte d’exposer la communauté protestante d’Angers.
En février 1902, Eugène Audra créa la section angevine de la Ligue des droits de l’homme. Il fut également l’un des artisans de la victoire radicale aux élections législatives de 1902, face aux nationalistes, dans la 1ère circonscription d’Angers. Jouissant d’une grande autorité morale au sein de la gauche angevine, il continua son œuvre d’éducation. Il fut l’initiateur des cycles de conférences de l’Université Populaire d’Angers (AD de Maine-et-Loire, 4M6/43, Université Populaire). Pendant les dernières années de sa vie, Audra eut une importante activité politique, sans jamais briguer un quelconque mandat.
Dreyfusard angevin de la première heure, le pasteur Audra fut l’inspirateur de l’union de la gauche républicaine à Angers, après l’affaire Dreyfus. Il profita de ce nouveau rapport de force, pour proposer une politique sociale novatrice et avant-gardiste pour l’Anjou.
Geoffrey Ratouis