Abel-Bernard (Abel, Émile, Eugène Bernard dit), avocat et homme politique français, né à Arles (Bouches-du-Rhône) le 21 novembre 1860*, décédé à Neuilly-sur-Seine, le 12 décembre 1909.
Avocat, maire de Cadenet, conseiller général du Vaucluse, franc-maçon (Dictionnaire des FM, p. 60), Abel-Bernard se présenta aux élections de 1898. Élu après une campagne qui semble-t-il ne s’intéressa pas à l’Affaire (Recueil Barodet 1898, p. 787-788), il ne semble pas raisonnable de soutenir qu’il s’inscrivit au groupe antisémite de la Chambre (Bertrand Joly, Nationalistes et conservateurs en France 1885-1902, Paris, les Indes savantes, 2009, p. 269) contrairement ce que pouvait annoncer La Libre Parole (du 4 juin 1898). Il vota d’ailleurs en dreyfusard et si, avec toute la Chambre, il donna sa voix à l’affichage du discours de Cavaignac, il affirma très nettement, après la découverte du « faux Henry », la nécessité de la révision, exaltant, dans une réunion publique, « les principes de vérité, de justice, de loyauté républicaine » et flétrissant, « énergiquement les agissements de l’état-major, qui a laissé […] en cette circonstance, le drapeau tricolore traîner dans la boue » (Louis Sabarin, « Le banquet de Mouriès », Le Petit Provençal, 6 septembre 1898). À la Chambre, il s’opposa ensuite à la loi de dessaisissement, condamna des incidents d’Auteuil et soutint l’ordre du jour Sembat demandant l’affichage de l’arrêt de la Cour de cassation proclamant la révision.
Après Rennes, il vota pour l’ordre du jour d’apaisement de Chapuis du 22 mai 1900 qui s’opposait à la reprise de l’Affaire et pour l’amnistie et contre l’amendement Vazeille qui tentait de la restreindre voire de l’annuler ».
Après sa réélection de 1906, il vota pour la réintégration de Dreyfus et de Picquart, pour la priorité de l’ordre du jour de Pressensé demandant des sanctions disciplinaires à l’égard des « officiers dont la procédure de révision a révélé les manœuvres criminelles ou frauduleuses postérieures à l’amnistie de 1899 », pour l’ordre du jour Réveillaud « rendant hommage aux artisans de la révision » et pour le projet de loi relatif au transfert des cendres de Zola au Panthéon (proposition de loi Breton). De même, en 1908, il vota la condamnation de la campagne d’insultes à l’égard de Dreyfus et de la Cour de cassation entreprise par L’Autorité et L’Action française (ordre du jour Dalimier).
Philippe Oriol